Un communiqué de Marc-Antoine Jamet, après la nomination de Edouard Philippe comme Premier ministre.
« Bonne
Chance à Edouard PHILIPPE »
J'ai
rencontré pour la première fois Edouard Philippe, au début des années 1990, alors qu'il était à l'Institut
d'Etudes Politiques de Paris, puis à l'ENA, un étudiant remarqué tandis que j'y
étais - il me l'a confié - un professeur suivi et un examinateur respecté. Ses
idées politiques m'étaient inconnues. En revanche, il ne m'avait pas échappé
que, malgré sa jeunesse, il était déjà un esprit
brillant, original et rapide. Magistrat à la Cour des comptes, j'ai pu
l'observer devenant, grâce à son intelligence
et à son talent, un des meilleurs auditeurs
au Conseil d'Etat, mettant en pratique l'objectivité vigilante qui doit être le
propre de cette institution, démontrant, de ce fait, qu'il possédait les
qualités inhérentes à un grand serviteur
de l'Etat. J'ai suivi, avec attention et sympathie, connaissant bien cette
voie, le travail qu'il a accompli, fidèlement, activement, loyalement, avec son
ami Gilles Boyer, au service d'Alain Juppé. Il en a été un collaborateur
essentiel que ce soit pour créer l'UMP ou au sommet d'un éphémère Ministère de
l'Environnement. Doit-on rappeler que le Maire de Bordeaux est connu, à droite,
pour s'entourer des meilleurs éléments de son camp.
Comme Maire de Val-de-Reuil, engagé dans un renouvellement urbain qui,
en Normandie, nous est (assez) exclusivement commun, je l'ai vu, dans le
prolongement des projets voulus par Antoine Ruffenacht, prendre, à sa suite, la
Mairie du Havre et y recueillir une circonscription, faisant ainsi des choix
difficiles, des choix courageux, ceux du
service des autres, de l'intérêt général et des contraintes qui y sont liées,
au détriment d'une vie personnelle paisible et d'une carrière professionnelle
prometteuse. En élu de la République, je
l'ai vu se battre pour sa commune, son développement, sa population. Durant
toutes ces années et jusqu'il y a peu, pour nos collectivités, nous avons, dans des formations différentes
et par des raisonnements distincts, souvent partagé des convictions et des
combats. Il a affronté le Front National sans la moindre ambiguïté. C'est
une chose qui compte à mes yeux.
Edouard
Philippe vient de devenir le « premier » Premier ministre du Nouveau
Président de la République Emmanuel Macron. Je l'en félicite. Il ne doit cette
nomination qu'à ses mérites et à ses qualités. Ils sont grands. J'espère pour
notre pays que son mandat sera un mandat gagnant. Il faut être positif et
constructif si nous voulons que la France, face à la mondialisation, se répare,
se redresse et réussisse.
Avec la même passion pour la France, la même humanité souriante, le même humour
britannique et la même réflexion solide, le Maire du port du Havre succède au
Maire du port de Cherbourg. Même si je regretterai toujours que ce dernier
n'ait pu davantage et plus longtemps s'exprimer, je demeure heureux pour notre Normandie de cette succession tempérée.
Sa
nomination est un choix audacieux dont on ne voudrait pas cependant qu'il soit
hasardeux. Si, sur
beaucoup d'idées, il a fait le pari de la modernité, il a pu être, par le
passé, pendant les présidences Chirac et Sarkozy notamment, le soutien de
mesures économiques et sociales qui étaient tout sauf progressistes. Il a été le partisan de méthodes qui ont
pu paraître rudes en matière de
retraites, de fiscalité, d'indemnisation du chômage. Il a soutenu Bruno
Lemaire et Hervé Morin, nos adversaires
départementaux et régionaux. Il s'est opposé aux réformes que la Gauche proposait avec François Hollande
et Bernard Cazeneuve. Plus grave, je ne peux m'empêcher de noter que Edouard Philippe devient le symbole de la
grande confusion, du grand désordre, du grand flou qui préside aux destinées de
notre pays, puisque, désormais, est maintenant associé à l'ancien Ministre
de l'économie d'une majorité socialiste, devenu hier chef de l'Etat, un
toujours député des Républicains, un « homme de droite » qui devient
aujourd'hui chef du Gouvernement. C'est
en découvrant les ministres qu'il nommera, le programme qu'il suivra,
l'assemblée nationale qui le soutiendra que l'on saura de quel côté du mur la
France tombera. Au-delà de l'estime qu'on peut avoir pour le nouveau
Premier ministre, il lui faut rappeler
une réalité - la droite et la Gauche ne sont pas identiques, loin s'en faut -,
et souhaiter une clarification par l'élection, partout en Normandie, de
parlementaires socialistes seuls à même sans glisser vers le radicalisme
stérile de la Gauche extrême, sans approuver les remèdes de cheval de la droite
éternelle, d'être fidèles à nos valeurs et à nos idées : la justice
sociale, la laïcité, l'égalité des chances et la solidarité. Bonne Chance à Edouard Philippe. Pour
« l'aider » votons tous à Gauche.
Marc-Antoine Jamet, secrétaire de la fédération de l'Eure du Parti socialiste
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