Ceux et celles qui
connaissent mal ou ne connaissent pas du tout l’histoire de la seconde guerre
mondiale pourraient se laisser abuser par les propos récents de Marine Le Pen.
La guide du Front national a déclaré sur une radio « que les responsables de la rafle du Vel d’Hiv ce n’était pas la France
mais ceux qui étaient au pouvoir ». La rafle du Vel d’hiv, en 1942, demeure
une tache indélébile sur les pages de notre histoire. Plus de 13 000 juifs,
enfants, parents, vieillards ont été « ramassés » par la police et la
gendarmerie française, parqués dans le vélodrome d’hiver dans des conditions d’hygiène
et de promiscuité effroyables avant d’être déportés et gazés en Pologne dans
les camps de la mort nazis (1).
Il a fallu la franchise et
le respect de la mémoire des victimes de la part d’un Jacques Chirac, pourtant
gaulliste, mais inspiré, pour déclarer que cet acte inhumain avait été commis
au nom de la France par l’Etat français au pouvoir à Vichy. François Hollande
marchant dans les pas de Jacques Chirac a réitéré cette responsabilité si
difficile à reconnaître par un François Mitterrand dont on ne connaissait pas
la face cachée de sa jeunesse à la droite de la droite et son histoire
contradictoire avec Vichy d’abord et la résistance ensuite où il s’engagea
courageusement il faut l’avouer. Toutefois, son amitié à l’égard de René
Bousquet, l’ancien chef de la police de Vichy, en choqua plus d’un.
Emmanuel Macron affirmait ce
matin dans un tweet qu’on ne devrait jamais oublier que Marine Le Pen est bien
la fille de son père dont les propos négationnistes ont été plusieurs fois condamnés
par la justice française. Dans son fol élan nationaliste, Marine Le Pen en
oublie les élémentaires faits historiques qui ne font polémique qu’à l’extrême
droite. Il est pour le moins étonnant qu’un Florian Philippot ose assurer que
la France n’était pas à Vichy mais à Londres alors que Pétain était acclamé par
des foules enthousiastes, qu’il s’était trouvé des parlementaires élus (sauf 80
d’entre eux) pour lui accorder les pleins pouvoirs, que des ambassadeurs étrangers
considéraient le gouvernement de Vichy comme le gouvernement légal de la France
et que peu de Français se souciaient de la condamnation à mort du général de
Gaulle (2). Et c’est bien au nom de l’Etat français que le statut des juifs a été
édicté et que des sections spéciales ont jugé des Français sans défense contradictoire
dans des procès expéditifs dont les jugements étaient écrits d’avance.
Marine Le Pen a commis une
bourde énorme. Depuis ce matin, elle rame, rame encore pour tenter d’atténuer
la portée de ses propos. Mais les Français, les patriotes dont elle se réclame à
tout bout de champ, ne lui feront pas le cadeau d’une excuse. L’expression de
Marine Le Pen reprend les vieux thèmes chers à l’extrême droite antisémite. Extrême
droite à laquelle appartient son père. Marine a donc de qui tenir.
(1) Moins ce cent des 13 000
ont survécu et son revenus en France après la guerre.
(2) Il y a soixante-dix ans, le
tribunal militaire permanent de la 13ème région, siégeant à Clermont-Ferrand,
condamnait Charles de Gaulle à la peine de mort pour trahison, atteinte à la sûreté
extérieure de l’État, désertion en temps de guerre. Les généraux qui
composaient ce tribunal prononçaient également sa dégradation militaire et la
confiscation de ses biens.
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