Je publie le texte que « La Dépêche » ne peut, pour
des raisons qui lui appartiennent, soumettre au jugement de ses lecteurs cette
semaine. Le rédacteur en chef du journal a en effet édicté des règles que
chaque participant à la page blogueur doit accepter. J’ai personnellement donné
mon accord au respect de ces règles.
La déclaration lue par
François Fillon devant les trois juges d’instruction qui l’avaient convoqué,
hier, a été préparée et argumentée par ses avocats. Cette lecture lui a permis
de se défausser, d’éviter les questions des juges et de faire comme si de rien
n’était. « Tout cela parce que,
écrit-il, je suis candidat à l’élection
présidentielle ». Pas que. Toujours la théorie du complot à laquelle
personne ne croit plus. En réalité, François Fillon fuit les questions des
juges parce qu’il est plus que gêné aux entournures et que sa défense est très
fragile. Elle n’est d’ailleurs plus argumentée sur le fond mais seulement sur
la forme.
François Fillon donne un
exemple lamentable aux autres justiciables de notre pays. Non, il n’est pas
au-dessus des lois. Non, il ne peut s’exonérer des fautes (éventuelles) qu’il a
commises. Non, il ne pourra échapper à la recherche de la vérité même s’il
bénéficie d’un sursis avec le temps judiciaire forcément plus long que le temps
politique et l’urgence d’une campagne électorale.
Dans l’affaire des emplois
fictifs de la mairie de Paris, Jacques Chirac, au lendemain de son départ de
l’Elysée, avait rendez-vous avec les juges et avec la vérité. Il a été
condamné. Quoiqu’il arrive, élu ou pas, Fillon sera dans la même situation.
Bien sûr, grâce à ses moyens personnels (ou grâce à des mécènes ?) Fillon
pourra s’offrir des avocats et des conseils de haut niveau. Ils vont se battre
bec et ongles pour leur client, exploiter toutes les failles des codes.
Autrement dit, les juges vont avoir la vie dure. Mais le juge Tournaire, réputé
pour son impartialité et sa compétence, ne se laissera pas abuser par des
manœuvres dilatoires.
Car le dossier semble
solide. Et le contexte financier redoutable. Le prêt de 50 000 euros non
déclaré, les vêtements offerts gracieusement, d’une valeur de 45 000 euros, la
rétrocession d’une partie des indemnités d’assistants parlementaires des
enfants du couple, les enveloppes de l’association des sénateurs ex-UMP dont a
bénéficié François Fillon, composent un maelström inquiétant pour lui-même et
son épouse. Il accrédite ce propos de Talleyrand : « le mal de beaucoup de gens c’est de croire qu’ils peuvent tromper les
autres et que les autres ne peuvent pas les tromper. »
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