Marc-Antoine Jamet lance une alerte rouge pour la démocratie. |
Hier soir, le département de
l’Eure était en alerte rouge. Le vent soufflait fort. La tempête a même atteint
la scène de l’Arsenal de Val-de-Reuil (1) sur laquelle Marc-Antoine Jamet se
produisait dans son show annuel, spectacle suivi par plus de 500 personnes
assises et debout. Tempête est bien le mot dans la mesure où l’année 2017 sera
placée sous le signe des bourrasques électorales et financières notamment pour
les collectivités locales.
La présidentielle et les
législatives intéressent au plus haut point le maire de Val-de-Reuil. Le lieu
et le moment ne se prêtaient pas à l’expression des états d’âme. On a compris
pourtant qu’il aurait voté pour un Hollande-candidat « qui a beaucoup fait pour
Val-de-Reuil » (2). Il patientera pour manifester publiquement son choix du futur
candidat de la gauche « belle alliance ». Quant aux législatives, MAJ a dressé
un état des lieux regrettable, les postulants, à droite notamment, étant
quasiment tous issus des appareils, des cabinets et des antichambres
parlementaires : « Où sont les chefs d’entreprises, les avocats, les
journalistes…» Il aurait pu ajouter : « et les salariés des entreprises,
et les commerçants, et les femmes » !
Faire mieux avec moins. Ce
remède de grand-mère, selon l’expression du maire rolivalois s’imposera à tous
les élus locaux cette année. Car l’argent public se fait rare, il se fait cher.
Chaque euro devra être un euro utile. « Depuis 17 ans, nous n’avons pas
augmenté les impôts et en 2017, notre résolution sera la même. » Le contexte global a changé, malheureusement pour
Val-de-Reuil : La Région, le Département, la CASE sont à droite.
Val-de-Reuil ne sera donc plus l’enfant chéri. Les oreilles de Bernard Leroy,
président de l’agglomération Seine-Eure, présent au premier rang pour écouter
MAJ, ont forcément sifflé. Surtout quand Marc-Antoine Jamet plaide pour une
fusion de l’ensemble des communes de l’agglomération ou à tout le moins pour
des rapprochements évidents et les économies d’échelle qui iraient avec :
« Vironvay avec Heudebouville, Louviers avec La Haye-le-Comte et Incarville,
Saint-Pierre avec Saint-Etienne, le Vaudreuil avec Val-de-Reuil…» le bon sens
est souvent iconoclaste. A moins qu’il ne soit en avance sur son temps. Il faut
comprendre le maire rolivalois. Il a le droit de s’attendre, par exemple, à plus
de considération de la part de l’exécutif de la base de loisirs de Léry-Poses
puisque les investissements se font pour partie sur le territoire de
Val-de-Reuil ou de Poses dont le maire est également exclu des orientations
majeures. Il sait que des logiques politiques désuètes ne lui donneront pas
raison.
En 17 ans de gestion,
Marc-Antoine Jamet et ses équipes ont sensiblement amélioré l’image, la vie des
habitants et des associations, l’importance des entreprises de Val-de-Reuil.
Près de 1000 inscriptions nouvelles sur les listes électorales en 2016, 250
naissances (pour 50 décès) un développement économique considérable (malgré
1600 chômeurs) une qualité d’équipements collectifs et publics favorisée par le
choix d’hommes de l’art talentueux, des résultats scolaires remarquables avec
un bémol toutefois dû à l’arbitraire d’un Sébastien Lecornu (président du
conseil départemental) obstiné à vouloir fermer l’un des deux collèges de la
ville créant ainsi une friche urbaine du plus mauvais effet. La résistance
acharnée des Rolivalois (élus, parents d’élèves, enseignants, citoyens…)
parviendra-t-elle à modifier le jugement partisan d’un fillonniste récemment
converti ? Faudra-t-il accepter sans sourciller que Michel de Montaigne
capte les « bons élèves » et Alphonse Allais « les moins bons » alors que la
mixité sociale à tous les niveaux de la vie a été érigée en dogme dans
cette ville où 63% des logements sont classés comme sociaux contre 93% il y
encore peu d’années ? Marc-Antoine Jamet a intégré le fait que l’argent public
étant devenu rare, il lui faudra se tourner vers le privé avec ses exigences et
ses garanties. Le privé, il connaît. Les bailleurs et les promoteurs prouvent
qu’ils ne tournent pas le dos à Val-de-Reuil. Les prix des terrains à bâtir et
les maisons « à revendre » affichent des niveaux bien meilleurs qu’à une
certaine époque, là encore « le changement c’est maintenant. »
Si la force de Val-de-Reuil
réside en une fonction publique compétente et adaptée aux besoins administratifs, techniques, scolaires, sportifs, associatifs, en une capacité
d’innovation et d’exigence architecturale, il n’en reste pas moins que le point
noir de la ville c’est son commerce ou plutôt son absence de commerces. Des
projets sont dans les cartons et d’autres sur le point d’être lancés.
Marc-Antoine Jamet ne veut pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Il veut
des équilibres à la fois en nature de commerces et en situation géographique
dans la ville. La création de nouvelles voies ne doit pas s’accompagner d’un
boum de proximité entraînant une perte d’activité en d’autres endroits de la
ville. L’harmonie demeure le maître mot. D’où la demande insistante des élus
rolivalois pour que l’aménagement autoroutier prévu à Heudebouville et
Criquebeuf (A 13) par la SAPN et l’Etat n’oublie pas de supprimer les
aberrations locales et les péages qui vont avec. (3)
La conclusion du maire —
après qu’il a souhaité une année de bonheur à tous et toutes — s’est teintée d'un lyrisme inquiet. Les agglomérations et autres métropoles au sein desquelles
les élus ne sont pas désignés au suffrage universel direct, éloignent les
décideurs des citoyens. Les mairies, les églises et les beffrois ne sont plus
ce qu’ils étaient. Et pourtant, si les poubelles ne sont ramassées en temps et
en heure, les habitants accusent les maires d’impéritie quand bien même les responsabilités
sont ailleurs. Il faudra bien, un jour, revoir le mille-feuilles territorial et
le mode de désignation des exécutifs. On peut comprendre que pendant la phase
de création, le volontarisme ait pris le pas sur la participation des citoyens.
Cela ne pourra pas durer. Les seuls à profiter de cet état de fait étant les
populistes toujours prompts à jeter de l’huile sur le feu. L’avertissement du
maire de Val-de-Reuil doit être pris pour ce qu’il est : une alerte rouge
pour la démocratie.
(1) La programmation de l'Arsenal est d'une haute qualité culturelle.
(2) L'Agence nationale de rénovation urbaine n'a pas oublié Val-de-Reuil, souvent prioritaire.
(3) Entrée à Incarville et sortie à Val-de-Reuil.
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