Qu’il est difficile de
demeurer rationnel et raisonnable face à Donald Trump, sa personnalité, ses excès
et ses humeurs. Après une campagne exceptionnelle de vulgarité et de fausses
promesses, le nouveau président américain présente au monde l’un des pires
visages de ce qu’on appelle la politique. Ce mot, a priori noble puisqu’il définit
les actes utiles à la cité et à la société, devient le symbole de ce qui se
fait de pire en comportements humains. On avait la lepénisation des esprits en
France, on a maintenant la trumpisation des idées aux Etats-Unis et ailleurs.
En relisant les déclarations,
les tweets, les lettres d’insultes adressées à l’ancien premier ministre écossais
sous la signature de Donald Trump (1), on mesure à quel point le cynisme
devient la règle alors qu’autrefois, l’éducation, la culture, une idée commune de la vie, poussaient les politiciens à la retenue et au respect d’une certaine
moralité. Aujourd’hui les digues de la morale publique et de la dignité ne
tiennent plus. Le flot puissant des démagogues mine tous les édifices
construits autour du bien commun. La fille de Jean-Marie Le Pen propose de déscolariser des
enfants sont le seul tort est d’avoir des parents sans papier. On les pénalise
non pas pour ce qu’ils font mais pour ce qu’ils sont. Remugle d’un passé pas si
lointain qu’on croyait oublié. Trump traite ses adversaires comme des ennemis, il
expose ses obsessions et n’hésite pas à parler de « truies ou de chiennes »
quand il s’agit des femmes « qu’il prend par la chatte ». Il s’assied sur
des cuvettes de WC en or mais fustige le marigot de Washington comme les
banquiers…dont son gouvernement est pourtant composé à 90 %. Business is
business.
Marine Le Pen comme Ménard, Trump
comme Grillo, n’ont pas de surmoi. Ils exècrent le genre humain et tout ce qui
n’est pas eux. Ils n’ont aucun scrupule à mentir, à tromper, à profiter des failles du système qu’ils
condamnent uniquement dans les mots. Si ces personnages peu ragoûtants prospèrent,
c’est parce que l’outrance devient la règle et l’outrage un lieu commun. C’est
parce que le bruit et la fureur remplacent la réflexion et la distance. Il
est vrai aussi que les vieux partis de nos vieilles démocraties sont usés,
fatigués, épuisés. Le système tant honni craque de partout. Autrement dit 2017
s’annonce sous les pires auspices.
Raison de plus pour ne rien
céder, ne pas reculer, valoriser le dialogue et le compromis, continuer de
lutter pied à pied contre tous ces démagogues car on sait bien où ils nous emmènent.
Le rôle des journalistes se fait donc chaque jour plus important. A chaque mensonge sa
réponse. A chaque contre-vérité sa mise au point. Sans oublier les enquêtes, la
traque aux délits voire aux crimes. Que cent Médiapart s’épanouissent et les démocraties
dignes de ce nom seront mieux gardées.
(1) Donald Trump,
propriétaire de plusieurs golfs en Ecosse, est parti en guerre contre les
fermes éoliennes et les énergies nouvelles !
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