La ville de Louviers a contribué au projet Imagine. (photo Jean-Charles Houel) |
Une fois n’est pas coutume. J’ai
décidé, cette année, de m’intéresser au Vendée Globe, la course autour du
monde sans escale et sans assistance. Je me suis donc rendu aux Sables d’Olonnes
ce weekend pour approcher de près les 29 skippers et suivre leur départ en
compagnie de quelques centaines (!) de confrères des presses écrite, radiodiffusée
et télévisée.
Je l’avoue, j’ai été bluffé par un
contexte magique, magnifique. Car faire le tour du monde en trois mois (voire
un peu plus) soit près de 50 000 kilomètres, en passant par les fameux caps
(Bonne espérance, Lewin, Horn) seul à bord et face aux éléments, relève de l’exploit
individuel et collectif (n’oublions pas les équipes). La foule des amateurs,
curieux, badauds, ne s’y est pas trompée puisque plus d’1,5 million de
personnes a visité le village ou assisté au départ des aventuriers en bordure
du chenal ou des plages. Mais la course au large a ses lois et dès hier, la
troupe n’a pas chômé.
Ce matin, la grande émotion de
l'énorme foule du chenal et celle du départ autour du monde sont déjà dans le
sillage. Pas de round d'observation, c'est à fond que les vingt-huit solitaires
en course vivent leur première nuit de mer. L'Espagnol Didac Costa n'est en
effet pas encore reparti des Sables d’Olonne, où il est revenu hier pour tenter
de réparer une avarie électrique consécutive à une fuite de ballast. Sur l'eau,
au milieu du golfe de Gascogne, les grands favoris ne se font pas prier pour
allonger la foulée, atteignant des vitesses parfois supérieures à 20 nœuds. Les
leaders ne sont plus qu'à une grosse centaine de milles du cap Finisterre
qu'ils devraient doubler dès ce midi, en passant probablement entre la côte
espagnole et le "rail", dispositif de séparation du trafic, qui leur
est interdit.
Armel Le Cléac’h leader
Tous les bateaux neufs à foils - à
l'exception du No Way Back de Pieter Heerema - sont aux avant-postes, dans un
vent de secteur nord d'environ 20 noeuds qui s'avère relativement instable en
force et en direction et oblige à des changements de voile et interdit le
moindre sommeil, comme l'explique Kito de Pavant, seul skipper qui a pu être
joint ce matin (lire ci-dessous). Un trio de tête s'est légèrement détaché,
composé - dans l'ordre - de Armel Le Cléac'h (Banque Populaire), Jean-Pierre
Dick (St Michel-Virbac) et Alex Thomson (Hugo Boss), qui se tiennent en moins
de 3 milles. Quelques bateaux à dérives droites tiennent bien le choc, comme
ceux de Vincent Riou (PRB), Paul Meilhat (SMA) et Yann Eliès
(Quéguiner-Leucémie Espoir). Mais il y a déjà des écarts relativement
importants avec les deuxième et troisième parties de la flotte, la moitié des
concurrents accusant déjà plus d'une cinquantaine de milles de retard sur le
trio des leaders. Rien de dramatique tant la route est longue, mais une
première indication : le rythme de ce huitième Vendée Globe s'annonce déjà très
élevé.
Ils ont dit
Kito de Pavant (Bastide Otio)
Kito de Pavant. (photo Jean-Charles Houel) |
"La nuit a été dure, car j'ai eu une galère : mon
solent (le J1) s'est déroulé dans le haut, a fait un noeud et j'ai du batailler
pour réussir à l'affaler. J'ai perdu deux ou trois heures avec ça et je suis
rincé… mais heureusement rien de grave. Le golfe de Gascogne n'est pas si
simple car il y a de la mer et le vent de nord est instable en force et en
direction, ce qui implique des réglages voire des changements de voile
incessants. Là, je suis à 10 nœuds de vitesse, alors qu'il y a cinq minutes je
marchais à 20 nœuds ! Il faut être dans le rythme, évacuer l'émotion du départ
et surtout bien faire attention au bateau, car la moindre petite bêtise se paye
cash. Je pense être au cap Finisterre en début d'après-midi."
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