Qu’il s’agisse de « Libération »
ou de « l’Equipe », le style des journalistes sportifs n’est pas très différent
mais il est peu châtié. A l’occasion de l’Euro, ils dissertent à l’infini
sur les stratégies des sélectionneurs et ne se lassent pas d’évoquer le
comportement des joueurs et des équipes. Ils font leur métier quoi. Il leur
arrive de répéter des barbarismes et autres solécismes…regrettables, a priori,
pour des professionnels de la syntaxe.
Prenons un exemple. Il est
devenu courant de lire sous la plume des journalistes sportifs ou d’entendre dans
les commentaires des envoyés spéciaux de la télévision qu’une équipe a « déjoué
». Pour dire « mal joué ». Quiconque consultera le dictionnaire y lira que le
verbe déjouer est un verbe transitif et que, jamais, il n’a le sens employé par
les professionnels des mots. On déjoue un complot, un attentat mais une équipe
de peut « déjouer » même si ses membres jouent comme des pieds. Ce qui, pour un
footballeur, est un grave handicap.
Pendant que j’y suis, je
voudrais corriger quelques fautes de langage courant : on ne dit pas je
vais « sur » Paris mais je vais à Paris. On ne visite pas un ami comme on
visite un musée. On rend visite à un ami. Les avis ne peuvent être divers et
variés. S’ils sont divers, ils sont variés et réciproquement.
Le leader de l’UKP,
favorable au Brexit, pose sur une affiche de campagne mettant en cause les
files de réfugiés fuyant la Syrie dont de nombreux enfants. Avec un slogan détestable,
il fustige ces « flots » d’étrangers qui, soit dit en passant, sont plus le
problème des autorités françaises à Calais que celles de Douvres depuis 2003 et
l’accord que Sarkozy signa en faveur de la Grande-Bretagne.
Paradoxalement, si cette
dernière sort de l’Union européenne, l’accord de 2003 pourra être remis en
cause par François Hollande et les Britanniques auront, sur leur sol, cette
fois, ces soi-disant hordes étrangères si méprisées des partisans du Brexit. D’ailleurs
Jo Cox, la députée travailliste assassinée par le nazillon aujourd’hui inculpé
de meurtre, se battait pour que l’accueil des réfugiés soit organisé,
rationnel, digne. Elue depuis un an au siège de députée, elle avait vanté la
richesse des échanges entre des populations d’origines, de religions, de
couleurs différentes.
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photo JCH |
Les frondeurs, les Hamon,
Montebourg et Lienemann sont tellement pressés d’en découdre qu’ils vont se
jeter dans la gueule du lion dès que le starter aura donné l’ordre de départ
favorisant du même coup la candidature du social libéral. Le JDD nous révèle
aujourd’hui que si Hollande a accepté le principe de cette primaire c’est parce
qu’il est sûr du résultat autrement dit qu’il était sûr d’être désigné au
second tour.
Cette primaire, modèle réduit,
n’aura toutefois pas que des inconvénients. Même si elle ne sera en rien
comparable à celle de 2011, elle permettra à la gauche de gestion d’occuper le
temps de parole des médias et de contrebalancer la campagne (féroce) de la
primaire à droite. Car n’en doutons pas, les Sarkozy et consorts comptent sur
cette campagne pour noyer les journaux et les télés sous le flot de leurs débats.
La mode est au référendum.
Peine de mort : référendum. Extension du terrain d’aviation de Nantes-Notre-dame–des-Landes :
référendum. Sortie de l’UE : référendum. Autoroute : référendum. Révocation
des élus : référendum. On en mange à toutes les sauces mais surtout aux
sauces populistes. C’est fou ce que le référendum plaît aux extrêmes. De droite
ou de gauche, le peuple a toujours raison…surtout quand il n’a pas tort. Ce qui
est remarquable c’est que les partisans du référendum sont toujours ceux et
celles qui s’opposent aux projets comme s’il s’agissait d’une recette miracle
destinée à contourner les fameux corps intermédiaires si honnis par Sarkozy.
Les syndicats ? poubelle. Les association : nulles. Les élus : révoqués.
C’est oui ou c’est non. On est pour ou on est contre. C’est le bien ou le mal.
Pas de nuances, on taille dans la masse. Mais, fichtre, il arrive que le
peuple, mal informé, trop ému ou pas assez réfléchi, se trompe lui aussi ? N’est-ce
pas M. Robespierre ? Et alors, badaboum c’est la cata, la terreur.
On
se dit qu’une démocratie plus patiente, moins brutale, plus attentive aux
contradictions de toutes sortes, n’exclut ni les convictions fortes ni les
engagements sincères. Evidemment, il ne faut pas attendre de Daech ou de Marine
Le Pen des nuances ou des tons de pastels. Toujours le gros rouge qui tache !
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