A quand la non fermeture du collège Mendès France ? (photo archives JCH) |
Réunie en Bureau Fédéral, la Fédération
du Parti Socialiste de l’Eure a condamné la décision prise par le Président du
Conseil Départemental de fermer deux collèges eurois : Pablo Neruda à
Evreux et Pierre Mendès France à Val-de-Reuil. De manière particulièrement
choquante, ces deux établissements ont été rayés brutalement de la carte
scolaire selon une logique étroitement comptable sans prendre le moindre avis pédagogique,
sans consulter à un seul moment les autorités compétentes, rectorat et
direction académique, grossièrement mises devant le fait accompli, sans en
informer les communautés éducatives, parents, élèves, professeurs, traitées
avec mépris. Au-delà de la méthode désinvolte à l’égard du monde de l’enseignement
et symptomatique de cette gouvernance faussement décontractée, qui tient lieu désormais
d’attitude au CD27, cette décision acte le tournant pris par la droite de démanteler
les politiques éducatives et culturelles également indispensables aux habitants
des quartiers les plus fragiles de notre département :
— Parce
qu’elle vise les deux seuls établissements classés réseaux d’éducation
prioritaire du département, où ils participaient
au maintien de la cohésion sociale notamment dans ces quartiers de grande
pauvreté, de grave précarité, où vivent de nombreuses familles fragiles. Ce
sont donc les deux collèges qui accueillent les populations les plus défavorisées
du département que la droite a décidé de raser, perdant les crédits de
fonctionnement et les moyens qui allaient avec. Par cette décision, plusieurs
centaines de collégiens, à Evreux comme à Val-de-Reuil, ne bénéficieront plus
du niveau de soutien, d’aide et d’encadrement qui permettait de corriger
injustices et inégalités. Sébastien Lecornu a décidé de frapper sciemment deux
quartiers dont l’électorat ne lui est pas promis, deux territoires dont les
suffrages ne lui seront très probablement jamais acquis. C’est une décision
tactique, opportuniste et politique. C’est un choix politicien d’un Président
qui sert d’abord les intérêts de ses amis des Républicains. Ce n’est ni digne
ni correct pour celui à qui a été confié l’intérêt général et les services
publics locaux.
— Parce qu’elle déstabilise
des territoires et détruit leur homogénéité éducative au profit d’une carte
scolaire remaniée dans une improvisation qui frise l’amateurisme : alors
que M. Lecornu parle d’ordre et de discipline, il organise une vraie insécurité.
Où et dans quelles conditions seront accueillis les centaines de collégiens qui
étudiaient jusqu’à présent dans ces deux établissements ? Des élèves entassés
dans des locaux inadaptés, des enfants empilés dans des cours de récréation,
des postes d’éducateurs et de conseillers d’éducation disparaîtront, on
entassera les élèves à 30 par classe. Ce sont non seulement les deux établissements
directement concernés qui payeront les pots cassés de cette politique de
gribouille, mais aussi tous ceux qui, autour, vont devoir compenser cette
disparition et vers lesquels on va transférer les élèves de Neruda et Mendès
France. On va créer des collèges ghettos et fragiliser des établissements qui
connaissaient une certaine réussite comme Michel de Montaigne au Vaudreuil. On
connaissait la préférence de la droite pour une justice de classe. On la découvre
dans l’Eure adepte d’une éducation à deux vitesses.
— Parce qu’elle est, par désinvolture,
incompétence ou arrogance, en train de détruire l’école publique, laïque,
gratuite et obligatoire. Il faut bien réaliser
que le Président/collaborateur de député qui, depuis 15 mois, dirige l’Eure du
haut de ses 29 ans, mastère de droite en poche, refuse de s’adresser au monde
de l’enseignement et n’a pas daigné siéger une seule fois au Conseil Départemental
de l’Education, instance stratégique de l’Education Nationale dans le département.
C’est la preuve d’un désintérêt pour les enjeux éducatifs qui ne sont plus une
priorité sur notre territoire.
— Parce qu’elle méprise le
travail des enseignants et plus généralement de l’ensemble de la communauté éducative.
C’est un manque de considération global pour le travail réalisé dans les écoles.
La droite préfère une politique éducative « low cost », une
politique éducative au rabais dans laquelle les collégiens eurois ne sont que
des unités sur des mètres carrés. On compte les surfaces au sol mais on ignore
volontairement les projets pédagogiques développés pour aider chaque jeune à s’épanouir
et se construire. La réalité d’un collège est tout autre. Il suffit de fréquenter
ces établissements, de les visiter et d’y pénétrer dans d’autres occasions que
les inaugurations pour s’en rendre compte. C’est un lieu de promotion sociale où
l’acquisition des savoirs et de la connaissance permet de trouver sa place dans
la société indépendamment de son origine ou de son milieu. C’est la fin de l’ascenseur
social.
En fermant
deux collèges de notre département, Sébastien Lecornu s’en prend à un pilier de
notre modèle républicain. Les socialistes, fidèles aux valeurs d’égalité et de
solidarité partout dans tous nos territoires, s’opposent à cette casse de l’école
et appellent toutes celles et ceux, enseignants, parents, associations, qui
sont attachés à une école de la réussite pour chacun à manifester leur
opposition le lundi 20 juin à 9 heures
devant le Conseil Départemental.
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