La
prochaine conférence de
la Société d'Études Diverses aura lieu le samedi 23
avril, à 16 heures, dans la salle Pierre Mendès France, à
l'Hôtel de Ville de Louviers. Mme Cécile-Anne Sibout, historienne et professeur à la Faculté de Droit de Rouen, abordera
un sujet qu'elle connaît parfaitement, pour lui avoir consacré sa thèse de
doctorat : « L'histoire du quotidien
Paris-Normandie ».
« Paris-Normandie succède au Journal de Rouen, condamné en 1944 pour collaboration. Son directeur de 1945 à
1972, Pierre-René Wolf, ancien imprimeur, évince en 1945 une première équipe
installée à la Libération. Patron-éditorialiste chaleureux, paternaliste et
autoritaire, Wolf donne une orientation socialisante au quotidien. Avec
quelques journalistes, il contribue à la renaissance culturelle d'une région
sinistrée par la guerre. Paris-Normandie développe entre 1945 et 1970 ses agences et ses éditions,
s'implantant même un temps dans le Calvados et le Mantois. Son matériel se
modernise (utilisation pionnière de l'informatique dès 1967). La société propriétaire
reste bénéficiaire jusque vers 1970. Le patron de presse Robert Hersant la rachète
alors, malgré quelques vives oppositions. La teneur comme la gestion du journal
se transforment, la logique commerciale étant désormais privilégiée. Toutefois
les recettes baissent tandis que les dépenses augmentent : nouveaux concurrents
(hebdomadaires gratuits, blogs sur internet) ; coûteux déménagement en banlieue
de Rouen en 2006 ; passage au format tabloïd ; introduction de la couleur...
Placé en redressement judiciaire en 2012, Paris-Normandie
a quitté le groupe Hersant et se bat désormais
contre le groupe Ouest-France. L'histoire un peu chaotique de ce quotidien pose plus globalement
la question de l'avenir d'une presse régionale quotidienne de qualité en
Normandie. »
Note du blogueur : Je me souviens avec une certaine nostalgie
de la vente du grand quotidien régional à Robert Hersant, dit aussi le
papivore. Il était parvenu à prendre les rênes d’un journal dirigé par des
hommes issues de la Résistance française alors même que son attitude
personnelle n’avait pas été des plus dignes durant la seconde guerre mondiale
et l’occupation allemande.
La façon dont il réussit à racheter les parts de certains
actionnaires, si elle est routinière aujourd’hui, fut jugée plus qu’indélicate
à l’époque. Les salariés, journalistes et ouvriers du livre (photo prise en juillet 2012 lors d'un nouveau règlement judiciaire) se
sont battus pour empêcher la prise de pouvoir de Robert Hersant mais l’appât du
gain fut trop vif pour certains et finalement celui qui avait racheté Le Figaro
et quelques autres journaux régionaux mit la main sur le journal normand.
De grandes signatures comme celles de Pierre Lepape, Jacques
Grall, Marc Lecarpentier, Serge Bolloch, pour ne citer qu’eux, invoquèrent une
clause qui leur permit de quitter le journal et de gagner qui, Le Monde, qui
Télérama…où leur carrière s’est poursuivie avec un talent non démenti.
J’écouterai donc avec infiniment de plaisir et d’intérêt le récit
de ces années tumultueuses.
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