Marisol Touraine, ministre
de la santé, a raison. Le signal envoyé hier par les sénateurs et les députés
est de mauvais aloi. En modifiant la loi Evin de 1991 qui encadrait strictement
la publicité pour les boissons alcoolisées, nos parlementaires, pour la majorité
d’entre eux, ont mal agi. Et en plus ils ont agi avec hypocrisie.
Les nouvelles dispositions
votées hier en dernière lecture par l’Assemblée nationale et contre l’avis du
gouvernement et de plusieurs député(e)s soucieux du bien public et de la santé
des Français, vont permettre aux régions viticoles et aux producteurs de vanter
« les terroirs et le patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une
boisson alcoolique disposant d'une identification de la qualité ou de l'origine.
» Autrement dit, la loi Evin en prend un
grand coup dans l’aile.
Les addictologues et les
alcoologues étaient vent debout contre la modification de la loi. Ils considèrent
avec juste raison que les nouvelles possibilités légales offertes aux
professionnels des alcools ouvrent la porte à une promotion déguisée de
boissons alcoolisées et que les jeunes générations, notamment, seront donc
susceptibles — car visées en priorité — de s’adonner plus aisément à des
consommations importantes ou excessives d’alcool.
Il faudra nous expliquer en
quoi les actions de prévention contre les addictions de toutes sortes sortiront
renforcées par le texte voté par les parlementaires. Il faudra justifier ce relâchement
coupable de la part des élus de la nation plus soucieux de bénéfices électoralistes
que de la santé des Français. Un médecin a déclaré : « Les élus lâchent la loi Evin pour offrir à la viticulture toute une série
de possibilités de communication qui vont échapper à la loi, sous prétexte de sécuriser
le secteur de l'œnotourisme, qui n'a jamais été inquiété ». Pour s'opposer aux lobbies, il faut du courage. Marisol Touraine n'en manque pas mais elle est bien seule.
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