25 novembre 2015

La modification de la loi Evin : un mauvais signal adressé aux Français


Marisol Touraine, ministre de la santé, a raison. Le signal envoyé hier par les sénateurs et les députés est de mauvais aloi. En modifiant la loi Evin de 1991 qui encadrait strictement la publicité pour les boissons alcoolisées, nos parlementaires, pour la majorité d’entre eux, ont mal agi. Et en plus ils ont agi avec hypocrisie.

Les nouvelles dispositions votées hier en dernière lecture par l’Assemblée nationale et contre l’avis du gouvernement et de plusieurs député(e)s soucieux du bien public et de la santé des Français, vont permettre aux régions viticoles et aux producteurs de vanter « les terroirs et le patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique disposant d'une identification de la qualité ou de l'origine. » Autrement dit, la loi Evin en prend un  grand coup dans l’aile.

Les addictologues et les alcoologues étaient vent debout contre la modification de la loi. Ils considèrent avec juste raison que les nouvelles possibilités légales offertes aux professionnels des alcools ouvrent la porte à une promotion déguisée de boissons alcoolisées et que les jeunes générations, notamment, seront donc susceptibles — car visées en priorité — de s’adonner plus aisément à des consommations importantes ou excessives d’alcool.

Il faudra nous expliquer en quoi les actions de prévention contre les addictions de toutes sortes sortiront renforcées par le texte voté par les parlementaires. Il faudra justifier ce relâchement coupable de la part des élus de la nation plus soucieux de bénéfices électoralistes que de la santé des Français. Un médecin a déclaré : « Les élus lâchent la loi Evin pour offrir à la viticulture toute une série de possibilités de communication qui vont échapper à la loi, sous prétexte de sécuriser le secteur de l'œnotourisme, qui n'a jamais été inquiété ». Pour s'opposer aux lobbies, il faut du courage. Marisol Touraine n'en manque pas mais elle est bien seule.

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