Je n’ai jamais pensé que la
violence physique pouvait résoudre quelque problème que ce soit. Les solutions
se trouvent toujours dans la négociation et le compromis. Il en va de même dans
le domaine social. L’exemple récent des deux cadres d’Air France molestés par
des syndicalistes en colère illustre l’abime qui sépare les intérêts des uns et
les pratiques des autres. Jean-Luc Mélenchon justifie la violence physique
par la violence sociale. Il dit comprendre la colère de ceux et celles qui, in
fine, sont toujours les victimes d’un système dominateur et sur de lui-même.
Nous sommes chez Air France.
La grande et belle compagnie aérienne française spécialisée dans les longs et
moyens courriers où les discussions entre direction et syndicats sont tendues
depuis toujours, doit faire face à des difficultés économiques et financières
importantes. Les pilotes refusent d’accroître le nombre de leurs rotations eux
dont les salaires représentent 7 % du prix d’un billet ! Le personnel au
sol y est bien plus nombreux que dans d’autres compagnies. L’évidence est que
le modèle économique ne répond plus aux assauts de la concurrence, du Qatar et
des émirats arabes unis notamment. Alors que faut-il faire ?
D’abord ne pas sur réagir.
Comme le fait la direction d’Air France avec un plan de suppressions d’emplois
provocateur et tragique puisqu’il y aura des licenciements secs si les rapports
internes n’évoluent pas. S’attaquer très vite aux causes et proposer des
solutions sans agresser physiquement qui que ce soit. Même les DRH de la
compagnie, exécutants de décisions patronales supérieures ne méritent pas qu’on
porte atteinte à leur intégrité physique. Manuel Valls a par ailleurs tort de
traiter les agresseurs de voyous. Ce ne sont pas des racailles mais des
personnels désespérés. Il faut à la fois condamner leur geste et le comprendre.
Sinon, on demeure dans une opposition stérile. Et sans issue.
Air France dont les actions
sont détenues à 17 % du capital par l’Etat est une société privée. Elle subit
donc de plein fouet les effets de la concurrence mondialisée puisque l’Etat n’est
plus là pour boucher les trous. Qu’Angela Merkel, chantre de la libre
entreprise et bien sévère à l’égard de la Grèce, propose que l’état allemand
aide Volkswagen s’il le faut, indique bien que, comme d’habitude les finances
publiques sont les ailes secourables des entreprises privées. Les cadres de VW
savaient presque tous que leurs voitures étaient équipées d’un logiciel très
particulier. Ils ont laissé faire. Aujourd’hui les salariés de la base risquent
de payer cher les fautes de leurs dirigeants. S’ils se mettent en colère (comme
les salariés d’Air France) qui le leur reprochera ? Une fois de plus, le
capitalisme effréné montre son vilain visage. Il faut sans cesse rappeler les règles
simples et basiques de la moralité des dirigeants et du respect de la dignité
des salariés. Est-ce compatible ?
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