7 octobre 2015

La direction d'Air France ne donne pas le bon exemple, le gouvernement aurait tort de la soutenir sans discernement


Je n’ai jamais pensé que la violence physique pouvait résoudre quelque problème que ce soit. Les solutions se trouvent toujours dans la négociation et le compromis. Il en va de même dans le domaine social. L’exemple récent des deux cadres d’Air France molestés par des syndicalistes en colère illustre l’abime qui sépare les intérêts des uns et les pratiques des autres. Jean-Luc Mélenchon justifie la violence physique par la violence sociale. Il dit comprendre la colère de ceux et celles qui, in fine, sont toujours les victimes d’un système dominateur et sur de lui-même.

Nous sommes chez Air France. La grande et belle compagnie aérienne française spécialisée dans les longs et moyens courriers où les discussions entre direction et syndicats sont tendues depuis toujours, doit faire face à des difficultés économiques et financières importantes. Les pilotes refusent d’accroître le nombre de leurs rotations eux dont les salaires représentent 7 % du prix d’un billet ! Le personnel au sol y est bien plus nombreux que dans d’autres compagnies. L’évidence est que le modèle économique ne répond plus aux assauts de la concurrence, du Qatar et des émirats arabes unis notamment. Alors que faut-il faire ?

D’abord ne pas sur réagir. Comme le fait la direction d’Air France avec un plan de suppressions d’emplois provocateur et tragique puisqu’il y aura des licenciements secs si les rapports internes n’évoluent pas. S’attaquer très vite aux causes et proposer des solutions sans agresser physiquement qui que ce soit. Même les DRH de la compagnie, exécutants de décisions patronales supérieures ne méritent pas qu’on porte atteinte à leur intégrité physique. Manuel Valls a par ailleurs tort de traiter les agresseurs de voyous. Ce ne sont pas des racailles mais des personnels désespérés. Il faut à la fois condamner leur geste et le comprendre. Sinon, on demeure dans une opposition stérile. Et sans issue.

Air France dont les actions sont détenues à 17 % du capital par l’Etat est une société privée. Elle subit donc de plein fouet les effets de la concurrence mondialisée puisque l’Etat n’est plus là pour boucher les trous. Qu’Angela Merkel, chantre de la libre entreprise et bien sévère à l’égard de la Grèce, propose que l’état allemand aide Volkswagen s’il le faut, indique bien que, comme d’habitude les finances publiques sont les ailes secourables des entreprises privées. Les cadres de VW savaient presque tous que leurs voitures étaient équipées d’un logiciel très particulier. Ils ont laissé faire. Aujourd’hui les salariés de la base risquent de payer cher les fautes de leurs dirigeants. S’ils se mettent en colère (comme les salariés d’Air France) qui le leur reprochera ? Une fois de plus, le capitalisme effréné montre son vilain visage. Il faut sans cesse rappeler les règles simples et basiques de la moralité des dirigeants et du respect de la dignité des salariés. Est-ce compatible ?


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