Wolfgang Schaüble. |
La presse allemande, surtout
la presse dite de gauche évidemment, est extrêmement sévère à l’égard d’Angela
Merkel et de Wolfgang Schäuble (prononcez choye-bleu et non chaubol comme
nombre de journalistes télévisés le font) les deux participants au sommet de l’euro-zone,
d’une part et de l’assemblée générale des chefs d’états et de gouvernements de
ladite euro-zone d’autre part. Pour les rédacteurs(trices) allemand(e)s les
dirigeants de leur pays se sont montrés bien trop rigides et sévères vis-à-vis
de la Grèce.
Wolfgang Schäuble n’a-t-il
pas fait circuler une note rédigée par ses soins créant un fonds de garantie
des privatisations réalisées en Grèce et basée au Luxembourg et prévoyant une
sortie provisoire (cinq ans) de la Grèce de la zone euro. Aucun traité, aucun
texte européen ne prévoit une telle solution. Au-delà du fait que le ministre
allemand est réputé pour sa poigne de fer et la haine qu’il voue à l'ancien ministre
Xanis Varoufakis (qui la lui rendait bien) il va de soi que sans la volonté française
de conserver la Grèce au sein de la zone euro, de fortes présomptions font
penser qu’Athènes aurait été viré avec pertes et fracas. Il se trouve que les
responsables Finlandais, slovaques et quelques autres étaient d’accord avec le
ministre allemand. C'est dire.
Il faudra des années,
écrivent les journalistes allemands, pour que cette attitude hautaine et
méprisante disparaisse des pensées. Alors qu’il a fallu des décennies pour que
l’Allemagne retrouve ses galons de démocratie et gagne la confiance des autres
pays de l’Union européenne, une nuit de négociations âpres et sévères pourrait
bien avoir altérer à la baisse ce sentiment. Jean-Luc Mélenchon dans son livre
récent « Le hareng de Bismark » écrit pour le résumer : « Ceci est un pamphlet. Mon but est de
percer le blindage des béatitudes de tant de commentateurs fascinés par
l'Allemagne. Je prends la plume pour alerter : un monstre est né sous nos yeux,
l'enfant de la finance dérégulée et d'un pays qui s'est voué à elle, nécrosé
par le vieillissement accéléré de sa population. L'un ne serait rien sans
l'autre. Cette alliance est en train de remodeler l'Europe à sa main. Dès lors,
l'Allemagne est, de nouveau, un danger. »
L’ancien président du parti
de gauche n’y va pas de main morte. Mais les faits du week-end pourraient bien
lui donner raison. Il est donc vital et nécessaire que François Hollande
parvienne à faire de la relation franco-allemande une relation plus équilibrée.
Pour ce faire, il convient, certes, de se montrer crédibles et responsables.
Exactement ce qu’on demande aux Grecs mais à condition de ne pas tuer le malade
par des traitements de cheval. Angela Merkel semble avoir perçu le danger et a
sans doute freiné les ardeurs de son ministre pourtant très populaire outre-Rhin.
A François Hollande de méditer cette pensée teintée d’humour de Michel Audiard :
« lors de la dernière guerre, les
Français parlaient aux Français. Les Allemands aussi. »
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