Nicolas Sarkozy aurait dû
tourner sa langue plusieurs fois dans sa bouche avant de l’ouvrir. De quelque côté
qu’on se tourne, ses paroles auront été plus qu’imprudentes. Ses attaques
hier contre François Hollande semblent, en effet, aujourd’hui, maladroites et excessives.
Motivées par la haine et non pas l’intérêt de l’Europe et de la France. L’accord
scellé, ce matin, à Bruxelles, discrédite l’ancien président de la République,
lequel ne s’est pas montré à la hauteur de l’enjeu. Et par conséquent à celle de
la fonction à laquelle il aspire à nouveau. Sarkozy s’est montré très petit.
Car si accord il y a, on le
doit en partie — mais en grande partie tout de même — à François Hollande. Sa détermination
et son insistance à vouloir conserver la Grèce dans la zone euro l’ont emporté
contre toutes les préventions et les menaces de voir ce pays européen, berceau
de la démocratie, quitter l’Europe ou en tout cas sortir de sa zone d’influence.
On sait, depuis quelques jours, que la France a mis à disposition de la Grèce
ses meilleurs experts, ses meilleurs fonctionnaires du Trésor public, pour qu’Alexis
Tsipras présente des mesures « sérieuses et crédibles. » Le travail a été fait
et bien fait. Si les parlements consultés adoptent le plan signé ce matin par
les 19 membres de la zone euro, les malheurs des Grecs ne seront pas terminés
mais un espoir sera au bout du chemin.
Face
à la hargne de Wolfgang Schaüble, le ministre des finances allemand, très désireux
du Grexit (Grèce exit) il fallait toute l’expérience et une volonté de fer de
la part des Français et de quelques autres aussi (dont Jean-Claude Juncker)
pour proposer un plan de rétablissement voire un plan de création d’un état grec
fort et mieux organisé. Certes, la Grèce va s’obliger à quelques sacrifices.
Des privatisations, des garanties, du temps et de l’argent. Et un peuple soumis
à un régime draconien. Il reste que cet accord n’est encore qu’un morceau de
papier et qu’il revient aux élus et aux gouvernements de le mettre en musique. Comme
l’écrit François Loncle, dans un communiqué : « La
crise grecque montre que le fonctionnement de l’eurozone doit être foncièrement amendé dans un sens démocratique. Elle souligne également que la
construction européenne ne peut pas se faire sous la conduite d’un seul pays,
aussi important soit-il, ni même sous celle du couple franco-allemand qui a
pourtant joué un rôle historique décisif. Il s’agit d’une entreprise collective
qui doit respecter chaque membre, qu’il soit grand ou petit. Comme l’Allemagne
ou la France, la Grèce fait partie de l’équipe Europe. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire