Pendant quelques jours, je n’ai
pas pensé que l’événement méritait qu’on y consacrât du temps et de l’énergie.
Mais à les voir se pavaner dans les rues de Sébastopol, ceints de leur écharpe
tricolore, vociférant et éructant à qui mieux mieux, franchement je me suis dit
que ces députés et sénateurs-là, membres de LR (1) pour la plupart, venaient de
franchir les limites de l’immonde.
Bruno Leroux, moins agressif
et peut-être plus avisé, a dit des dix élus français en visite en Crimée (photo) qu’ils
étaient la honte du Parlement. Il a raison. Du parlement et un peu plus puisque
ces messieurs (pour l’essentiel de cette délégation) sont tout de même des représentants
de la nation et par conséquent des citoyens qui les ont (ou pas) élus. Il se
trouve que la Crimée, avant l’invasion russe, faisait partie du territoire
ukrainien et que l’annexion s’est produite par la force et une forme de
violence propre aux armées poutiniennes. Comment des parlementaires français
peuvent-ils cautionner de tels actes ? Comment peuvent-ils, par leur
visite, soutenir la politique de Poutine ? La télévision russe a relayé ces
images et ces visages, la honte de la République française.
Interrogés par les journalistes
français, les Myard et autres Mariani, ont affirmé qu’ils défendaient « la vérité ». Alors que
les instances internationales ont toutes condamné Moscou pour cette violation
des règles de droit, on ne peut manquer de s’interroger sur le sens de cette
visite dans la Crimée devenue russe au mépris de toutes les règles interdisant
de modifier les frontières par le seul usage de la force ou de la ruse.
Peu de pays (et pas une démocratie
réelle) ont reconnu cette annexion. En droit, la Crimée est donc toujours ukrainienne.
Mais le comportement de ces parlementaires rappelle que le général de Gaulle
lui-même n’hésita pas à se tourner vers Staline pour faire pièce au mépris de
Roosevelt. Staline, un parangon de vertu et de liberté ! Comme son élève
Poutine seulement bridé par la crise économique et financière. Ce qui ne l'empêche pas de lorgner vers Varsovie ou Vilnius…
A leur retour en France, les
parlementaires voyageurs ne seront pas ovationnés sur le Tarmac de l’aéroport
Charles de Gaulle. Ils seront sans doute fêtés par les extrémistes du Front
national très favorables à Moscou et surtout très hostiles à l’Europe qui se
construit tant bien que mal tout en sauvant l’essentiel c’est-à-dire la paix.
(1) Depuis que l’UMP s’appelle
« Les Républicains » je ne me sens plus le droit de manier ce mot sans
pincettes.
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