La LDH avait remis une lettre au président de la République. |
La section de Louviers de la ligue des droits de l'homme écrit au député François Loncle :
« Monsieur
le député, le
projet de loi relatif au droit des étrangers, déposé au bureau de l’Assemblée
nationale l’été dernier, va entrer en discussion au cours du mois de juillet.
Durant toute cette année, les associations concernées par le droit des étrangers,
dont la Ligue des droits de l’Homme, ont été auditionnées par le rapporteur et
la CNCDH a rendu son avis le mois dernier.
Si
nous prenons contact avec vous aujourd’hui, c’est que tous les organismes
susmentionnés font part, de façon quasi unanime, de leur vive inquiétude. En
effet de nombreuses dispositions vont précariser encore davantage la situation
des étrangers dans notre pays. Or, comme le souligne la CNCDH, pour qu’un étranger
s’intègre dans notre société, la première condition est que sa situation soit
stable. Le projet de loi qui vous
est soumis va placer tous les étrangers dans une situation de contrôle
permanent, non contradictoire et particulièrement attentatoire aux libertés et à
la protection des données personnelles. Le
fait qu’ils soient étrangers ne doit pas autoriser à leur dénier les droits les
plus élémentaires.
Aussi
venons-nous vous proposer un certain nombre d’amendements que vous pourriez, si
vous en êtes d’accord, soumettre à la discussion de l’Assemblée nationale.
Concernant
la délivrance des titres de séjour
— suppression de l’article 8 du projet. Cet article permet à l’administration
de remettre en cause, à tout moment, le titre de séjour d’un étranger ;
— selon l’article 9, la délivrance d’un titre de séjour « salarié »
est subordonnée à la présentation d’un contrat de travail à durée indéterminée
(CDI). Cette mesure constitue une régression par rapport à l’existant :
actuellement, la personne étrangère titulaire d’un contrat à durée déterminée d’un
an se voit délivrer un titre de séjour « salarié » ; il convient
de conserver cet existant ;
— suppression de l’article 25
qui permet à l’administration d’avoir accès à de nombreux fichiers pour vérifier
les déclarations d’un étranger ; cet article remet gravement en cause le
respect de la vie privée et les règles déontologiques de nombreuses professions. Il porte atteinte à l’indispensable
confiance que chacun, quelle que soit sa situation administrative, doit pouvoir
porter à l’école, aux travailleurs sociaux, à l’hôpital.
— en cas de mise en rétention, ramener le délai de présentation au juge
des libertés et de la détention (JLD) à 48 heures et limiter la rétention à 30
jours, a l’instar des propositions du rapport Fekl ;
— modification de l’article 14, alinéas 20 à 23 : le délai de 7 jours
pour déposer un recours devant le tribunal administratif est particulièrement
court et ne permet pas de garantir un recours effectif à la personne visée par
la mesure d’éloignement ; sachant que l’un des principaux motifs d’annulation
est le danger représenté par le pays de destination ou l’état de fragilité des
personnes, cette remise en cause de l’effectivité du recours est de nature à
entraîner des conséquences d’une extrême gravité ;
— A l’article 22, suppression des dispositions (alinéas 12 et 13)
permettant aux autorités de pénétrer au domicile de l’étranger assigné à résidence,
en vue de rendre effectif son éloignement.
Bien
d’autres dispositions prévues sont contestables, en ce qui concerne les étrangers
malades, par exemple. Par ailleurs, nous ne pouvons que déplorer que la délivrance
d’une carte de résident ne puisse être de plein droit.
Lors
de la visite du Président de la République à Louviers en janvier 2013, notre
section locale de la Ligue des droits de l’Homme lui avait remis une lettre évoquant
plusieurs questions relatives à l’immigration et à la politique suivie par le
Gouvernement. Dans sa réponse en date du 1er mars, Monsieur M.
Valls, ministre de l’Intérieur, nous précisait notamment : « Comme vous, le
gouvernement souhaite que la France ait une politique d’immigration et d’intégration
à la hauteur de son Histoire et de son message si singulier au monde.Une
politique responsable qui ne nie pas la nécessité de la gestion des flux
migratoires. Une politique apaisée, qui ne fait pas de l’étranger un bouc-émissaire,
qui n’incrimine pas l’immigré, qui ne stigmatise pas le Français d’origine étrangère.
Une politique respectueuse du droit au séjour et des droits des étrangers... »
Plusieurs
points du projet qui va entrer en discussion ne nous semblent pas aller dans le
sens voulu et exprimé à l’époque. C’est pourquoi nous souhaitions vous exprimer
les craintes que nous inspire ce projet de loi et vous suggérer les quelques
projets d’amendements qui précèdent.
Avec
nos remerciements pour l’attention que vous leur accorderez, nous vous prions d’agréer,
monsieur le député, nos salutations les meilleures. »
Pour
la section de Louviers de la Ligue
des droits de l’Homme,
Bernard
Parisot, Président
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire