8 juin 2015

La « Berlinade » de Manuel Valls


Je déplore souvent, sur ce blog, les errements des élus de droite quant à l’utilisation des moyens de la République à des fins personnelles. Quand une personnalité de gauche commet les mêmes excès, je n’ai pas de raison de les passer sous silence. C’est la raison pour laquelle, dans une autre vie, j’aurais aimé travailler dans une société ressemblant à Mediapart laquelle privilégie les faits et les preuves qu’on cherche à nous dissimuler.

Il ne s’agit pas de jouer les procureurs ni les juges. Rien ne serait pire qu’une justice populiste souvent expéditive et parfois définitive. C’est le cas dans les pays totalitaires. Dans notre démocratie la presse a son rôle à jouer, libre et sans langue de bois. Et comme Manuel Valls est socialiste (à sa manière) je suis d’autant plus libre de critiquer sévèrement son voyage à Berlin.

Valls, premier ministre assiste au congrès de Poitiers. Très bien. Le chef de la majorité de gauche est dans son rôle. Il fait de la politique, c’est son métier. Interrompre sa participation au congrès pour utiliser les moyens de la République et se rendre à Berlin où le FC Barcelone rencontre la Juventus de Turin en finale de la ligue des champions de football (malgré l’habillage de la rencontre avec Michel Platini) est une faute qu’on est en droit de lui reprocher.

Ce qui est en cause, ce n’est pas le coût du voyage lui-même. Ce qui est en cause c’est cette façon qu’ont certains hommes de pouvoir de s’abstraire de certaines contraintes pourtant nécessaires. C’est justement ce qu’on attend d’un homme de gauche : Qu’il ne se comporte pas comme un vulgaire Sarkozy dont la phrase favorite demeure : « compte tenu de tout ce que je fais pour eux (i.e. les Français) Je peux bien me payer sur la bête » (i.e. la République). Et c’est ainsi qu’ils s’approprient le qualificatif de républicains, mélangent argent personnel et argent public, contestent la légitimité de la gauche à gouverner…

Manuel Valls, d’origine ibérique, a bien le droit d’être un supporteur du FC Barcelone. Bien des non Espagnols aiment cette équipe composée de joueurs d’exception. S’il tenait tant que cela à voir jouer Lionel Messi, Manuel Valls disposait d’un moyen très simple :  prendre un billet d’avion (ou trois avec ses gardes du corps) sur une ligne aérienne ordinaire. Mai sait-il encore ce que ce mot veut dire ?

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