Au voleur ! Car même s’il
s’est trouvé un tribunal pour autoriser (provisoirement ?) Sarkozy à
utiliser le nom de « Les Républicains » destiné à remplacer l’UMP, le fait
demeure : l’ancien président de la République s’arroge le droit exclusif
et partisan d’annexer un bien collectif qui appartient à tous les Français :
la République. Il est vrai que le président de LR nous a habitués à bien des
manigances et autres combines. Il n’en demeure pas moins que les Français,
authentiquement républicains ceux-là, seront froissés de se voir qualifiés comme d’éventuels
suppôts du sarkozysme, alors qu’ils se situent aux antipodes des pensées, des
actions, des projets de Sarkozy.
Jean-Noël Jeannenay,
historien respecté, évoque une « captation d’héritage » et nombreux sont ceux
qui, à gauche mais à droite aussi, considèrent que la manœuvre, car il s’agit bien
d’une manœuvre, fera long feu. Admettons qu’il ait réussi un coup de pub (le
sondeur publicitaire Giacometti est l’auteur de la trouvaille) admettons qu’il
surfera quelques semaines sur le quiproquo. Cela ne durera pas puisque l’effet
de mode s’estompera pour nous offrir un Sarkozy tel qu’en lui-même, éternel et
inchangé et surtout très antirépublicain. Mettre une belle étiquette sur la
bouteille d’un mauvais vin n’en n’a jamais fait un grand cru.
N’oublions pas, non plus,
que le premier motif du changement de nom de l’UMP est lié aux affaires et aux
dettes abyssales du parti. Elles empoisonnent la vie de Copé, de Sarkozy, de
Lavrilleux, de tous ceux qui ont eu à voir de près ou de loin avec les campagnes
électorales et des financements occultes et illégaux. Le Scandale Bygmalion est
dans tous les esprits. Et Sarkozy n’en a pas fini avec Paul Bismuth, Bernard
Tapie, les sondages de l’Elysée…
Sarko voulait également
mettre un terme au slogan inventé par le Front national — l’UMPS — réunissant
les deux partis de gouvernement dans le même opprobre. Florian Philippot, l’un
des cadres du FN ayant oublié d’être idiot vient de créer l’RPS, du nom de
cette affection cutanée provoquée par un virus : « Cela gratte et cela démange, ce n’est pas bon pour la France »
a-t-il déclaré. Il sera sans doute plus facile de se débarrasser de Sarkozy que
de cet herpès dont les porteurs du virus le sont à vie.
Quant au congrès lui-même,
il a surtout servi de faire-valoir aux sarkozystes. Juppé et Fillon ont été
copieusement hués et sifflés. L’ancien premier ministre de Jacques Chirac,
sentant l’arnaque à venir, a prévenu que si la primaire n’était pas celle « de
la droite et du centre » il n’y participerait pas. Un duel Le Maire-Sarko n’aurait,
selon Alain Juppé, aucun sens.
Autrement dit, Sarko peut
bien se moquer du PS et du président François Hollande. Des épisodes
judiciaires l’attendent dont on ignore le clap de fin. Des contradictions
internes ne vont pas manquer de survenir avec Juppé, Fillon, Le Maire, Bertrand et les autres. Enfin, les votants potentiels (pour
ou contre) du nom « Les Républicains » ont été un peu moins de 50 % à
participer. A comparer aux sièges vides du chapiteau extérieur à la grande
salle retenue hier soir. La période de vaches maigres ne fait que commencer.
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