8 avril 2015

Le Pen père est-il jaloux du « succès» de sa fille ? Ou s'agit-il de jeux de rôles ?


Jean-Marie Le Pen est un personnage. Extravagant, obsessionnel, impulsif et surtout, fidèle à des idées méprisables. Dans un entretien avec le journal d’extrême droite Rivarol, il réitère quelques unes de ses formules célèbres mais célèbres pour leur ignominie et leur rancissement. Les chambres à gaz, « point de détail de l’histoire de la seconde guerre mondiale » lui ont valu plusieurs condamnations mais la commission à répétition d’un délit ne semble pas l’émouvoir. Il est vrai que l’ancien para en a vu d’autres, notamment quand il portait le béret rouge dans l’Algérie encore française.

Le problème de Jean-Marie Le Pen est qu’il gêne la progression électorale de sa fille et pollue les messages de cette dernière. En réaffirmant son amour du maréchal Pétain et son dégoût pour la démocratie, le président d’honneur (ou de déshonneur) du Front national semble s’amuser comme un petit fou à mettre en colère sa fille et ses suppôts. Il a même contraint la présidente du FN à se désolidariser de « papa » laquelle envisage de ne pas l’investir aux prochaines élections régionales dans la région PACA. Elle va réunir la commission exécutive de son parti pour sanctionner le vieillard de 86 ans dont les facultés mentales semblent intactes. En tout cas elles continuent de le rendre apte aux dérapages intentionnels.

Une question se pose. S’agit-il de jeux de rôles ou tout simplement d’une forme stylistique de caractère névrotique ? Jean-Marie Le Pen souhaite-t-il l’échec de sa fille et du mouvement qu’il a fondé, considérant que nombre des fondés de pouvoir de Marine fleurent trop l’homosexualité ou le marxisme ? Quel est l’objectif réel du vieux libidineux ? On dit qu’une partie des électeurs du FN d’aujourd’hui est composée de nostalgiques de la Révolution nationale, de Pétain par conséquent, mais aussi de tous ceux qui apprécient l’autoritarisme et le pouvoir du chef. Marine, sa fille, a plus de succès que Jean-Marie, son père et il ne le supporte pas. La clé de ses saillies réside-t-elle dans une jalousie maladive ?

Ne soyons pas dupes. Si la forme change et évolue, le fond du parti bleu marine demeure celui d’un parti rétif à la République. J’ai déjà dit, ici, que sans alliés, le FN n’arriverait jamais au pouvoir. Sarkozy a d’ailleurs compris tout le bénéfice qu’il pouvait tirer des mauvaises idées du FN tout en refusant un accord politique avec ce parti. Les résultats du second tour des élections départementales confortent son analyse : faire du FN sans le FN ! En 2002, Chirac a tué Le Pen père avec le soutien de la gauche. En 2017, ce qu’à Dieu ne plaise, Sarkozy pourrait bien tuer (électoralement s’entend) l’égérie des identitaires. Mais sans nous.

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