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Leslie Cléret avec Eric Lardeur sur le marché de Louviers. (photo JCH) |
Leslie Cléret n’est pas
contente. Fidèle à sa franchise habituelle, elle ne mâche pas ses mots dans un
entretien accordé à La Dépêche cette semaine. Elle a attendu les résultats
du second tour des élections départementales pour exprimer son amertume et ses
regrets même si elle le fait avec un certain panache. Elle considère, en effet —
et elle a totalement raison — que sa défaite dès le premier tour des élections
départementales est à la fois injuste et imméritée. S’il est une conseillère générale
qui s’était attelée à la tâche avec efficacité et pendant plus d’une décennie c’est
bien elle. Ce n’est pas le bilan de la majorité de gauche sortante qui a été
condamné. C’est la collusion de quelques facteurs que je vais tenter d’expliquer.
Leslie Cléret était la
sortante du canton de l’ancien canton de Louviers-nord. Les électeurs de
Heudebouville, Vironvay, Saint-Pierre et Saint-Etienne du Vauvray, et de quatre
bureaux de la ville de Louviers, s’ils avaient été attentifs, auraient retenu
le bilan de Leslie Cléret très orientée sur l’aide sociale et le travail des
associations. Sans parti pris, elle a su tisser des liens forts avec la
population et ses différentes réélections prouvent que quand l’action locale
est visible et prioritaire, les citoyens savent le reconnaître.
Cette élection de 2015, sous
la forme de binômes homme-femme, aurait donc dû conforter les choix de Leslie
Cléret, féministe active sans être partiale. Mais les votants ont décidé de
faire de ces départementales une forme de législative sanctionnant l’action du
gouvernement et de sa politique plutôt que de juger le bilan et le projet du
couple Cléret-Yung. J’avais, en son temps, porté un jugement négatif sur le
choix de l’ancien président de la CASE comme colistier eu égard à son ancienneté
sur le terrain politique, sa défaite à la présidence de la CASE et son insuccès
aux municipales. Il faut savoir passer la main, ce que le PRG n’a pas su
faire même dans le Tarn-et-Garonne où Baylet, le président national du PRG, a
pris la tasse. Il n’a pas su le faire non plus à Louviers.
La désunion ? Tous les authentiques
gens de gauche regrettent que l’union de la gauche n’ait pas été recherchée dès
le premier tour. Ils le regrettent mais tout a été fait pour l’empêcher. Le président
sortant du conseil général, Jean-Louis Destans, a adopté une posture guerrière
contre le front de gauche à Brionne (le PCF en réalité) empêchant tout accord départemental
ailleurs. Les primaires à gauche ont donc été un massacre ! Il est difficile
pour Leslie Cléret (et pour d’autres) d’avaler cette grosse couleuvre. C’est la
preuve du peu de considération consacrée aux petits et aux sans grades. Elle
considère avec raison que les élus « d’en haut » comme elle le dit bien dans
ses déclarations, se préoccupent peu du sort de ceux « d’en bas ». C’est le
premier message qu’adressent les électeurs du FN à ceux qui nous gouvernent.
Faute d’accord à gauche — et
cet accord était sans doute possible à obtenir — la primaire a été ravageuse.
La désaffection des gens de gauche a été aggravée par une réforme mal comprise,
en cours d’examen au Parlement ( ?) et une médiatisation plus que faible
pourtant indispensable quand on veut que les électeurs comprennent les enjeux
et les approuvent. A Louviers, le taux de participation a été très bas et la
gauche en a pâti. Si l’on ajoute que certaines personnalités du PS n’ont pas
mouillé le maillot malgré les communiqués d’autosatisfaction, on se dit que ces
départementales n’étaient pas si vitales que cela pour certains parlementaires
du parti socialiste plus à l’aise devant les micros que sur les marchés.
Il est évident que les mêmes
causes produisant les mêmes effets, si le contexte ne change pas d’ici au mois
de décembre, les futures élections régionales risquent de faire déchanter la
gauche. Marc-Antoine Jamet a raison d’insister sur le travail à engager dès maintenant
pour tenter de limiter la casse. Cela passe évidemment par un sursaut militant,
la volonté de privilégier ce qui rassemble plutôt que ce qui divise mais l’union
ne se décrète pas, elle se construit et il faut que les différents partis en
expriment la volonté. Le PS, le PCF, EELV ont géré la région (et bien) pendant
six ans. Il est donc possible de travailler ensemble. Si cette union ne se réalise
pas, on comptera les régions gagnées par la droite et pire, par le Front
national. Qui a intérêt à cette extrémité ? Peut-être plus de gens qu’on
ne le croit.
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