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photo AFP |
J’ai mis du temps à
comprendre pourquoi la grève des antennes de Radio France durait si longtemps.
Le fait que le dialogue entre la direction et les syndicats ait été si souvent
perturbé par une méchante friture sur la ligne prouve que le plan d’économies proposé
par Mathieu Gallet a été soit mal expliqué soit inexplicable. Soit incompréhensible.
La grève, selon les mots d’un
journaliste de France Inter, a été utilisée comme une kalachnikov, sitôt l’annonce du projet de réforme visant à des économies portant sur le nombre
de salariés et sur la réduction de la voilure notamment parmi les deux
orchestres nationaux. La barre a été placée très haut, très vite, bon moyen
pour échouer aussi sec…mais 380 suppressions d’emplois, voilà qui pousserait n’importe quel
salarié responsable à s’interroger sur son avenir et sur l’avenir de sa
famille, non ? Départs volontaires, certes, mais départs tout de même
signifiant le même travail, la même productivité avec des moyens réduits et du
personnel en moins. Faire aussi bien avec moins, telle est l’équation. Radio
France ou la Grèce à Paris. On comprend mieux la colère des Hellènes et leur
haine de la Troïka.
L’affaire des travaux de rénovation
du bureau du directeur a été la cerise sur le gâteau. Comme les travaux de modernisation
de la maison ronde qui dure depuis une éternité et vont durer jusqu’à plus
soif. Engager des centaines de milliers d’euros dans les meubles et l’immobilier,
entretenir le patrimoine, c’est nécessaire, certes, mais comment faire
comprendre aux salariés que le palissandre vaut plus qu’eux ?
Par ailleurs l’intervention
de Fleur Pellerin, ministre de tutelle, a été trop tardive. Un ministre n’est
pas un DRH (Sarkozy président était celui du PS à une certaine époque !)
mais quand il s’agit de l’avenir d’un service public, il est logique, normal,
indispensable que l’Etat actionnaire dise son mot et exprime ses volontés. La
nomination d’un médiateur a permis de réamorcer la discussion et de mettre la
poussière sous le tapis. Résultat des courses ? Les salariés sont plus
divisés que jamais, les non grévistes ont le triomphe facile et les auditeurs
(dont je suis) ont été privés de leurs émissions préférées pendant presqu’un
mois. J’ai essayé RTL, Europe 1 et RMC, c’est affligeant, beauf et sans aucun
intérêt. Si c’est pour entendre Cyril Hanouna…
Dès demain 13 heures, tout
rendre dans l’ordre. L’expression est forcément mal choisie puisque la grève n’a
pas permis de trouver des solutions pérennes. Selon la célèbre expression « il
faut savoir arrêter une grève » ne doit-on pas savoir, plutôt, si les
conditions sont réunies pour la commencer ? Ah le fameux rapport de
forces, toujours d’actualité et toujours vrai.
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