Barack Obama. |
La série de décisions des
grands jurys aboutissant à innocenter des policiers à l’origine de la mort de
jeunes et d’adultes afro-américains dans des conditions de partialité évidentes
conduit à se poser plusieurs questions. Tout d’abord, il ressort de l’analyse
factuelle des événements, que les policiers (filmés parfois) ont ou tiré très
vite et pour tuer ou agi sans discernement s’agissant de l’étranglement d’une
personne obèse et asthmatique qui criait : « je ne peux plus respirer, je
ne peux plus respirer ».
Ensuite, on apprend que dans
la ville de Ferguson, par exemple, ville composée à 70 % de population noire,
la majorité des policiers est blanche. Compte tenu des présupposés américains,
les Noirs des États-Unis ont dix fois plus de chances que les Blancs d’être
contrôlés, interpellés, incarcérés, tués.
Autre question, encore, liée
à la composition des grands jurys. Il apparaît qu’ils sont très majoritairement
composés de Blancs (aux deux tiers souvent) lesquels emportent une majorité
raciale hostile aux victimes, pourtant, de couleur noire.
Enfin, ces grands jurys sont
un témoignage antique d’une justice populaire sans doute utile du temps de la
conquête de l’ouest mais devenue à la fois systématique et brutale aujourd’hui.
Il y a tout à craindre de ces jurys populaires porteurs de préjugés, soumis à
la pression des médias et de la rue, sensibles à l’esprit communautaire. La
France n’est sans doute pas un pays parfait mais la présence de magistrats
professionnels au sein des jurys d’assises permet de relativiser ces regards
profanes et de canaliser les simples émotions ou les émois simplistes.
La justice ne peut pas, ne
doit pas, s’exercer dans la haine, l’esprit de revanche, ou la crainte. « Jurez
de parler sans haine et sans crainte, levez la main droite et dites je le jure.
» Cette formule doit être prise au pied de la lettre et les jurés comme les témoins
déposant sous serment, sont liés par ce pacte moral. Aux États-Unis, le grand
jury comporte uniquement des citoyens pas forcément formés au droit, pas forcément
attentifs aux détails même s’ils entendent témoins et avocats.
Les quelques exemples récents
de décisions absolument scandaleuses même souveraines devraient inciter les élus
américains à revoir le fonctionnement de leur justice et ne pas laisser aux
sentiments immédiats ou aux aspects culturels individuels le soin de dominer
les situations évidemment complexes.
Les manifestations de Noirs
et de Blancs réunis contre ces violences policières et leur impunité sont légitimes.
Barack Obama, président noir des États-Unis, laisse entendre qu’il les comprend
mais laisse penser, également et surtout, que les rapports de forces sont tels
que rien ne bougera dans les institutions…
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