1 novembre 2014

« Le gouvernement des lâches » par Reynald Harlaut



Le drame de Sivens, avec la mort de Rémi Fraisse, n’est pas fortuit quand bien même le pouvoir dispense tardivement et avec parcimonie ses regrets. C’est un échec d’une extrême gravité. Il est la conséquence malheureuse de la politique délibérée du gouvernement de Manuels Valls. Il y a peu de temps, l’interception d’une note blanche émanant du cabinet du Premier ministre et révélée par la presse, a permis de s’en convaincre.

Dans cette note confidentielle était envisagée la requalification des actions menées par les anti-gaz de schiste en proposant de les assimiler à une forme de terrorisme. Criminaliser la contestation autoriserait par conséquent le recours à l’arsenal répressif que fournit la législation actuelle contre le terrorisme. C’est à la prise en considération de ce type de proposition par le Gouvernement qu’on mesure le poids du lobby pétrolier sur les plus hautes instances de l’État. Et c’est ainsi qu’au nom de la sécurité, se restreignent chaque jour davantage les libertés publiques et les droits fondamentaux garantis par la Constitution, toutes choses sans cesse dénoncées par la Ligue des Droits de l’Homme.

Lors du fameux discours dit du Bourget. (capture d'écran)
Ainsi remise en perspective, la répression violente menée contre toutes celles et ceux qui sont hostiles à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à la ferme des Mille vaches ou au barrage de Sivens, comme d’autres le furent en leur temps à l’extension du camp du Larzac et à la construction d’une centrale nucléaire à Plogoff, n’est que le résultat des choix du Président de la République François Hollande et de son gouvernement dirigé par Manuel Valls. Cette attitude peut se résumer ainsi : dure envers les faibles, docile envers les puissants.

Pour les premiers, c’est le refus d’amnistier les syndicalistes qui se sont battus au cours du mandat de l’ancien Président de la République pour tenter de sauver leur entreprise. C’est aussi le matraquage fiscal des plus fragiles et des classes moyennes (relèvement de la TVA, blocage des retraites, gel du point d’indice des fonctionnaires, culpabilisation des chômeurs, tentatives pour réduire les prestations familiales, etc). Pour les seconds, c’est le cadeau fiscal de 40 milliards d’euros aux entreprises sans contreparties dont l’essentiel profite aux plus grands groupes industriels. C’est aussi l’abandon de l’écotaxe sous la pression des « bonnets rouges » puis des transporteurs (taxe que paiera finalement le contribuable avec l’augmentation du gazole). C’est encore la quasi-impunité dont bénéficient les agriculteurs qui ont détruit le Centre des impôts et les locaux de la Mutualité sociale agricole de Morlaix. C’est enfin le renoncement à la taxation des dividendes. Tout concoure désormais à rendre tangible cette cruelle logique. Elle caractérise désormais le pouvoir en place.

Ce comportement a un nom qui le qualifie : il se nomme la lâcheté. Le monarque présidentiel qui n’a cessé de renier ses promesses électorales constitue désormais avec son équipe le Gouvernement des lâches. C’est pourquoi doit être soulignée la lucidité des quelques personnalités qui à l’intérieur même du Parti socialiste déclarent aujourd’hui avec nous ce que nous pressentions depuis longtemps : cette politique est une menace pour la République et nous ajouterons, pour la démocratie.

Reynald Harlaut

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