28 juin 2014

Méfions-nous de la démocratie de l'œil qui regarde par le trou de la serrure


Jean-Marie Le Guen. (DR)
François Hollande a raison. Sans la mise en place de la Haute autorité pour la transparence voulue par lui-même et décidée en accord avec le Parlement, jamais on n’aurait eu connaissance du patrimoine passé et actuel des ministres et des secrétaires d’Etat. Les journaux publient d’ailleurs avec une certaine délectation les patrimoines copieux ou baroques des membres du gouvernement. Très franchement, je cherche encore le rapport entre l’existence de ces patrimoines et l’action politique en cours.
Le président, après l’affaire Cahuzac, a été sonné. KO debout. Il n’imaginait pas les conséquences archi-négatives créées par cette situation véritablement sismique pour un homme de gauche disposant de comptes en Suisse ou à Singapour et surtout menteur devant la représentation nationale. Cahuzac, par ses excès et ses rodomontades, et par son attitude immorale a durablement porté atteinte au message de la gauche et à ceux et celles qui le véhiculent.
François Hollande a mis du temps à encaisser mais il a compris le message et cette Haute autorité de la transparence a fait son travail relativement au nouveau gouvernement Valls. Je ne vais pas jouer les voyeurs et contribuer à une forme d’exhibitionnisme forcément malsain. Je souhaite, toutefois, m’arrêter un instant sur la situation de Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le parlement. Au-delà de l’ancienne affaire de la MNEF dans laquelle son nom est cité, il se trouve que la Haute autorité pour la transparence a considéré que les déclarations de M. Le Guen sous-évaluaient sensiblement les estimations de ses biens immobiliers pour éviter une trop forte ISF.
Disons-le tout net : combien de notaires et de spécialistes de l’immobilier aident leurs clients dans l’évaluation des biens soumis à l’ISF ? C’est un métier. Même si le fisc n’est pas dupe et procède aux contrôles nécessaires en fonction de ses moyens. M. Le Guen, sollicité, a accepté de corriger sa déclaration pour la rendre plus conforme au prix du marché. D’où « la sincérité » lui évitant des ennuis judiciaires. Le Guen n’est pas Cahuzac, il ne mentira pas les yeux dans les yeux.
On ne m’enlèvera pas de l’idée, toutefois, que ces enquêtes sur le patrimoine des élus, nationaux, régionaux, départementaux, sur celui de leur entourage parfois, a quelque chose de malsain. Je sais bien que la transparence est (apparemment) une vertu…mais quand je lis dans les déclarations de patrimoine de tel ou tel ministre qu’il possède un scooter ou…une machine à laver, je m’interroge sur cette démocratie de l’œil qui regarde par le trou de la serrure.

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