Le ministre du Redressement productif chez Double A à Alizay : quand l'Etat montre la voie. (photo JCH) |
Il est normal et habituel de
dénoncer les causes des trains qui arrivent en retard. Il n’est pas inutile,
non plus, de mettre en exergue les faits positifs et porteurs d’avenir quand
ils sont l’œuvre d’une action nationale ou locale. Le cas Alstom illustre
parfaitement cet axiome médiatique. Je ne sais s’il faut se réjouir autant qu’Arnaud
Montebourg le laisse entendre, mais l’implication de l’Etat dans l’accord passé
entre le conseil d’administration du grand groupe national avec General
Electric indique le sens que donne le gouvernement actuel au devenir industriel
sensible de notre pays.
Prendre 20 % des 30 et
quelques pour cents des actions de Bouygues, c’est devenir le premier
actionnaire d’Alstom et avoir plus qu’un œil sur les décisions à venir et sur
la tenue des promesses du géant américain. Le PDG de GE a fait plusieurs fois
le voyage de New York à Paris pour rencontrer François Hollande et Arnaud
Montebourg. L’actuel PDG d’Alstom ne recruterait certainement pas M. Montebourg
parmi son encadrement mais il reconnaît que le ministre du redressement
productif est un négociateur de premier plan qui sait ce qu’il veut et connaît
les chemins pour atteindre ses objectifs.
Le PDG américain a pris des engagements à surveiller de près. Sur la création
des différents groupes, sur la localisation en France des sièges d’entreprises,
sur l’embauche de plusieurs milliers de salariés, sur la recherche et le développement.
Le monde des affaires étant
ce qu’il est, on ne peut tenir ces promesses pour argent comptant. La conjoncture
mondiale a souvent bon dos pour renier ce qu’on a signé. Tout de même, il y va
de la crédibilité de General Electric et de celle du gouvernement engagé dans
un bras de fer avec GE depuis plusieurs mois après qu’il a tenté de susciter
une offre concurrente avec Siemens et Mitsubishi. Visiblement cette offre n’était
qu’un leurre destiné à pousser GE à augmenter son offre et à mieux négocier les
termes de l’accord final.
Arnaud Montebourg est sorti
grandi de cette négociation et François Hollande, contrairement à l’affaire
Florange, n’a pas eu dans les pattes un premier ministre hostile. Montebourg a
salué le coup de main de Manuel Valls et il n’y a plus guère que la CGT pour déplorer
cet accord, le syndicat désirant ardemment une solution franco-française
devenue totalement irréaliste au fil des exigences industrielles de 2014 et des
contraintes financières. L'engagement de l'Etat à racheter les actions Alstom de Bouygues tiendra deux ans, le temps pour le gouvernement d'apprécier au mieux le prix de l'action cotée en bourse.
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