La
classe ce Sarkozy. Impatient qu’il est de prendre la place de sa femme Carla
sur la scène médiatique, l’ancien président de la République parle en ces
termes du président actuel : « Hollande a le ventilateur à merde dans la
gueule » (1). L’auteur du « casse toi pôv con » est un habitué d’un style
brutal pour ne pas dire abrupt. En s’exprimant ainsi (en privé est-il besoin de
le préciser) Sarkozy fait plaisir à feu Michel Audiard, dialoguiste de talent
lui, à son électorat le plus extrême, celui qui doute des capacités de François
Hollande à assumer son mandat, et à ceux qui ont déclaré ce dernier illégitime
depuis le 1er jour de son élection.
Sarkozy
rumine, remâche son amertume, ne parvient pas à respecter le délai de silence
qu’il s’est soi-disant assigné pour mieux revenir dans la course à
l’investiture UMP qu’il espère obtenir sans l’élection primaire pourtant
souhaitée à 72 % par les militants de l’UMP. A vrai dire, ce retour prématuré
de Sarkozy ne peut que faire plaisir à la gauche. Mai 2012, c’est encore très
frais dans les mémoires et c’est durant ce mois-là qu’une majorité de Français
ont exprimé à Sarko leur refus de le voir poursuivre ses actions dont la
plupart ont été déclarées nuisibles à l’intérêt du pays.
Sarkozy
a tort de s’exprimer avec ce langage de charretier. Même en privé. Il sait bien
que tout se sait et qu’une formule comme celle-là sera répétée, reproduite, et
qu’elle lui sera un jour reprochée. Imagine-t-on un général de Gaulle ou un
François Mitterrand parler d’un adversaire politique en des termes aussi grossiers
et injurieux ? Imagine-t-on Georges Pompidou ou Valéry Giscard d’Estaing
lancer de ces jurons à la cantonade ? Ces hommes de droite et de gauche savaient se tenir. J’ai toujours pensé que le costume
était trop grand pour Sarkozy et qu’il n’en avait pas ni la culture ni la
hauteur nécessaires. Quant à la classe dont je parlais en début de ce billet,
Sarkozy ne connaît que les intérêts de la sienne. C’est sans doute pourquoi les
archives de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée sous Sarkozy ont
disparu et que Médiapart peut affirmer sereinement avoir les preuves du
financement d’une des campagnes de Sarkozy par le colonel Kadhafi, le tyran
libyen reçu comme un roi à Paris par icelui.
(1)
Propos rapporté par un journaliste du Monde daté de samedi-dimanche.
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