6 février 2014

On aurait aimé qu'un député dise Non à la participation de la France aux jeux olympiques d'hiver à Sotchi !


Le public avait vivement réagi lors de la conférence donnée sur le sport. (Archives de 1977 photo Jean-Charles Houel)
J’aime le sport. J’aime la pratique du sport. Quelle que soit la discipline, je suis souvent baba devant la souplesse, la technique, la résistance de ceux et celles qui la pratiquent. La course à pied m’a enseigné le goût d’une forme de dépassement de soi-même à un niveau certes, très modeste, mais qui permet de comprendre la nature des bienfaits physiques et mentaux de l’effort.
Les états ont bien compris le prestige et l’influence aussi qu’ils pouvaient tirer de sportifs talentueux et doués. A une certaine époque, ils en ont même fait une priorité politique, usant de tous les moyens : dopage, avantages matériels, promotions, situations professionnelles futures assurées afin que l’hymne des pays et le record de médailles olympiques ou autres illustrent la bonne santé des régimes souvent « forts » voire dictatoriaux.
L’Allemagne de l’Est et l’URSS, hier, la Chine aujourd’hui, ont érigé le sport en une forme de domination idéologique sensée exprimer la puissance réelle ou feinte, de leur système global de vie en collectivité. On en est revenu. Mais pas partout. Le Qatar et la coupe de monde de football, les jeux d’hiver à Sotchi illustrent bien les dérives du sport mondialisé. Les reportages sérieux se succèdent sur les chaines TV démontrant la catastrophe humaine d’abord, puis les désastres écologique, économique, financier, environnementaux, sécuritaires (100 000 policiers et militaires !) de ces jeux d’hiver en Russie. Ils ont coûté 36 milliards d’euros, une somme astronomique dans un pays où la pauvreté est encore très présente.
Je ne peux m’empêcher de penser à Ernest Martin qui vient de nous quitter et à ce qu’il disait du sport de compétition. Lui qui voulait développer le sport pour tous, le sport loisir, installer une barrière entre les enfants et des pratiques nuisant à leur santé. Lorsqu’il voulut interdire les courses cyclistes pour les jeunes et dans les rues de Louviers, que de cris, que de foin, quelle polémique alors que déjà on savait que, même au niveau amateur, le cyclisme n’était pas propre ! Depuis, les faits lui ont donné raison, ô combien.
J’ai souvenir d’une fameuse conférence donnée à Louviers, dans la salle de l’hôtel de ville. Les orateurs invités, dont j’ai oublié le nom malheureusement, listèrent les méfaits des pratiques fédératives outrancières, le chauvinisme, le dopage, le rôle néfaste de certains coachs, de certains entraîneurs-soigneurs, de certains médecins véreux et de certains politiques.
Les deux militants du sport loisir. (photo JCH)
Poutine est caricatural de ce qu’il ne faut pas faire. Le degré de corruption des politiques russes de tous niveaux atteint des sommets en accord avec des entreprises bien choisies. Le mépris pour les habitants de la région y a été total. Les expulsions de «petits » propriétaires sans indemnités votées par la Douma seraient inimaginables dans un état de droit. Les retards, fautes, erreurs architecturales ou géologiques se sont accumulés comme jamais. Aujourd’hui encore toutes les installations des jeux d’hiver ne sont pas terminées. Un vrai jeu de massacre avec ponts, routes nouvelles, fleuves pollués, voie de chemin de fer créée ex nihilo sur des marais. 
Quel sens donner à l’idéal sportif, au fair play et aux médailles glanées dans de telles conditions. Et je ne parle pas de l’homophobie d’état et de l’atteinte permanente aux droits de l’homme et à la liberté d’expression ! Un seul député français avait voté contre la participation de la France aux jeux olympiques de Berlin. Il s'appelait Pierre Mendès France. Il était le député de Louviers. On aurait aimé qu'un autre élu de la nation suive son exemple !

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