Le Syndicat de la
magistrature a érigé, dans une pièce de son siège à Paris, un mur dit « mur des
cons » (avec photos et légendes) qu’une bonne âme s’est dépêchée de filmer en
caméra cachée (avec un téléphone portable sans nul doute) et de rendre public
afin que nul n’en ignore. Il n’est évidemment pas agréable d’être traité de
con. Georges Brassens en a d’ailleurs tiré une très belle chanson que les
personnes visées — en majorité classées à droite — feraient bien d’écouter afin
d’en apprécier toute la subtilité et la profondeur.
Le syndicat de la
magistrature ne cache pas ses préférences à gauche même s’il n’est inféodé à
aucun parti politique. Les magistrats qui en sont membres ont eu à souffrir
vexations et humiliations constantes, comme d’autres magistrats de l’USM d’ailleurs,
de la part de Nicolas Sarkozy et de ses dévots. Eu égard au peu de considération
accordée aux magistrats en général et aux juges du SM en particulier, comment s’étonner
que des syndicalistes détachés, des permanents non en situation de juger, s’amusent
comme ils l’entendent dans des locaux privés non accessibles au public et
encore moins aux hommes et femmes politiques considérés comme des adversaires.
Que
Nadine Morano ou Brice Hortefeux — je les ai choisis au hasard — soient mécontents,
c’est bien le moins. Ce ne sont pourtant pas des personnes très regardantes sur
le vocabulaire surtout quand il s’agit de dénigrer des opposants ou le président
de la République. J’ai également souvenir d’un « casse toi pov con » d’un
certain président. L’expression fit florès et le tour de la toile et à aucun
moment, ces messieurs et dames de la droite ne s’en sont offusqués.
Auraient-ils
le con sélectif ? J’apprends qu’un député veut porter plainte pour diffamation.
La première condition pour que sa plainte soit recevable est que l’expression
visée ait été publique et que c’était bien l’intention des auteurs. En l’occurrence,
il s’agit d’un vol d’images indépendant de la volonté des animateurs du
Syndicat de la magistrature, une image que tout un chacun a bien le droit d’exposer
dans sa chambre ou dans ses toilettes. La liberté d’expression intime et privée
n’est pas punissable du moins dans une démocratie.
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