Le zèle d’un cadre (peut-être en mal de promotion) de la RATP, nous
rappelle de bien tristes souvenirs et suscite un tollé parmi le personnel de la
RATP en plus de l’indignation générale. Mercredi dernier, un cadre de la RATP a jugé utile de mettre à disposition de
la police une rame entière de tramway entre Bobigny et St-Denis pour y parquer une centaine de
roms provenant d’un camp de Saint Denis, en séparant les
enfants de leurs parents. L’histoire en rappelle d’autres, pas très
glorieuses, entre rafle du Vel d’Hiv’ et déportations. Il est donc revenu, ce temps de la collaboration. Comble
de l’indignation, la RATP nie toute responsabilité, mais ne sanctionne pas son cadre. Cette course s’est organisée localement, dit la direction. « Sans réquisition de la préfecture et
de manière assez informelle, entre la police et le dépôt du tram ». Des
employés de la RATP ont été choqués par cette scène en rappelant que la gare de
Bobigny a déjà été le théâtre de déportations durant la seconde guerre mondiale
pendant laquelle la régie se faisait complice
des convois de déportés vers Drancy. Je me pose d’ailleurs la question : pourquoi, le conducteur du tramway, ce
mercredi, n’a-t-il pas invoqué son droit de retrait ? Aux organisations
syndicales de nous le dire, il est vrai que tous les agents ne sont pas
toujours bien informés de leurs droits en matière de législation du travail. Évidemment, tout cela est indigne.
Mais notre indignation ne suffit pas. Car les forces de l'ordre ont ensuite escorté
la centaine de personnes évacuées jusqu'à la gare RER de Noisy-le-Sec. On
y a dénombré autant de CRS et de policiers que de Roms, 9 cars de CRS les
ont suivis sur tout le trajet. C'est bien sous contrainte que les Roms
ont effectué ces 3 heures de convoyage, séparant les familles qui se sont
perdues ainsi, des enfants traumatisés et séparés de leurs parents qui ne
pouvaient monter que par groupe de 10 dans le tramway. Cet acte porte une marque caractéristique : celle de
la ségrégation. Comment imaginer qu’un tel acte de barbarie moderne puisse
avoir eu lieu sans l’accord de la direction de la RATP ? Quand bien même celle-ci dirait le contraire, la Préfecture de police parle, elle, d’une
initiative de la RATP. Pour ces évènements, comment ne pas y voir la conséquence d’un
certain discours idéologique en provenance directe des plus
hautes sphères de l’état français ? Ce genre d’initiative aurait-il été
possible avant le discours de Grenoble et la décision de démanteler tous les
camps de France sans se préoccuper davantage du sort des êtres humains qui y
vivent ?
Décidément, cette semaine a été bien sombre si
l’on ajoute à ce tableau cette charge des hussards bruns de la droite dite
populaire. Ces obscurantistes qui, avec la bénédiction du chanoine Copé,
tentent de remettre au goût du jour l’usage de la censure dans une histoire qui
relève tout simplement de l’instruction civique et de l’évolution des
connaissances. Ces 80 députés en question veulent donc voir remises en cause
les dernières données de la science autour de la théorie du genre et son
influence sur la formation de l’identité sexuelle. Ou bien celle-ci (qui
effectivement peut toujours donner lieu à débat philosophique) a-t-elle bon dos
et ce qu’ils ne digèrent pas ne serait-il pas plutôt, que des lycéens
(rappelons quand même que ce ne sont plus des enfants !) aient accès à une information sur les
différentes formes de sexualité ? Rappelons aussi qu’un
grand nombre de ses nouveaux croisés, dont Vanneste et sa blondeur se sont
illustrés par de brillants faits d’arme teintés de l’obsession de
l’homosexualité comme maladie à éradiquer. Chatel a encore bien du travail pour
joindre la parole aux actes, lui qui voudrait voir revenir la morale à l’école.
Mais, c’est certainement une diversion médiatique pour masquer les suppressions
de classes et de postes. Dans ces cours de morale qu’il propose, je ne
suis pas certain que l’on y enseigne cette chasse aux étrangers dont Guéant se
fait le défenseur sans peur et sans reproches.
Alain Lefeez
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