Lorsqu'en 1981 j'ai voté pour l'élection de François Mitterrand à la présidence de la République, je n'ai pas voté pour la cellule de l'Elysée, ni pour le Rainbow Warrior, ni pour les Irlandais de Vincennes, et encore moins pour la fidélité amicale avec René Bousquet. Cette cellule chargée d'écouter des opposants mais mais aussi des amis pour empêcher que la France ait connaissance de l'existence de Mazarine Pingeot, ne s'est sans doute pas limitée à cela. D'ailleurs des journalistes figuraient sur la liste noire de l'Elysée.
Tout cela pour dire que ce qui se passe aujourd'hui avec les Sarkozystes souligne combien cette monarchie républicaine prend ses aises avec la loi et il faut bien le dire, une certaine morale publique. Les rois avaient tous les pouvoirs qu'il détenait de leur absolutisme. Les présidents de la République sont élus par le peuple mais le résultat est le même. Les clans, les coteries, les cellules pullulent à tous les niveaux et portent de bien mauvais coups à la loi, bien sûr, mais aussi à une certaine idée de la démocratie.
Le bon vouloir des princes s'accommode mal avec la rigueur de la constitution et encore moins avec les outils de contrôle. C'est pourquoi les déclarations de Claude Guéant, hier, sont affligeantes. Que dit- il ? Que les services secrets ont effectué des « repérages techniques » nouveau nom utilisé pour ne pas prononcer le vilain mot d'écoutes ou d'espionnage. Au nom de la raison d'Etat, il a justifié cette pratique par la nécessité d'identifier ceux ou celles qui informent la presse. Bernard Debré, député UMP, juge ce comportement abominable, inconcevable. Il n'est pas le seul.
Dans son éditorial, le Monde daté d'aujourd'hui évoque une affaire d'Etat. Ce n'est pas effectivement pas autre chose. Et Libération peut également titrer ce matin : les menteurs d'Etat. Les citoyens qui votent, notamment ceux qui ont voté pour Sarkozy (ce dont je ne suis pas) doivent la trouver saumâtre. Il y a parmi eux, une grande majorité de républicains attachés à des règles de conduites respectueuses de la loi, une loi voulue par Sarkozy et qui se retourne contre lui aujourd'hui. On ne peut pas vouloir une chose et son contraire. Quant aux journalistes, une fois encore est démontré le rôle irremplaçable qu'ils jouent dans une démocratie au sein de laquelle les contre-pouvoirs se font trop rares.
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