Jean-François Mancel, député (UMP) de l'Oise, a déposé le 13 juillet à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à instituer un conseil national de déontologie journalistique, chargé de rédiger et de faire respecter un code.Le vieux rêve des godillots va-t-il se réaliser ? Je n'ose y croire. Imaginer qu'on puisse, dans une démocratie développée, une république qui fonde ses valeurs sur la liberté, l'égalité et la fraternité, régenter la presse et donc les journalistes, c'est prendre un risque énorme de troubles, non pas violents, mais suffisamment populaires pour inquiéter les puissants.
Je sais bien qu'on ne mettra pas 100 000 personnes dans les rues pour sauver la liberté de la presse. Je sais aussi qu'il n'est pas simple d'établir des règles et une déontologie capable de satisfaire à la fois les journalistes et les éditeurs. Les syndicats des journalistes professionnels ont annoncé la couleur : ils n'accepteront aucun texte encadrant leur profession sans l'annexer à la convention collective et donc sans qu'elle soit opposable aux patrons de presse. Le Syndicat national des journalistes défend la charte de 1918, celle que tout professionnel de l'information doit avoir pour référence.
Le député Mancel appartient à cette catégorie d'élus qui craignent la presse. Dans le passé, cet homme-là a dû supporter quelques vérités insupportables (pour lui). Sous prétexte de protéger la vie privée (elle doit l'être en effet) Mancel propose un carcan dont la rédaction serait soumise à un comité où les journalistes seraient évidemment minoritaires. Mancel considère qu'il appartient aux parlementaires de fixer les droits et les devoirs des professionnels de l'information (surtout les devoirs d'ailleurs) obsession qui surgit, comme par hasard, après différentes affaires «sorties» notamment par le site Mediapart devenu indispensable dans le paysage journalistique français. Ce site nous révèle chaque jour les turpitudes des Balladur, Guéant, Takiedine, Tapie, Sarkozy, Bettencourt, Woerth, Guerini, des questeurs socialistes parfois, des sénateurs privilégiés, d'autres fois, une fonction indispensable avec celle que remplit le Canard enchaîné depuis toujours et quelques autres aux niveaux national ou local.
Ne croyez pas que j'agisse en fonction d'un réflexe corporatiste. On peut être retraité et continuer de participer à la vie publique sans se voir taxer de ringardise. Chacun connaît le précepte : on n'est vieux que dans sa tête et certains le sont alors qu'ils se croient encore jeunes (voire modernes). C'est si vrai que les journalistes professionnels conservent leur carte de presse (à condition d'avoir exercé pendant au moins trente années) jusqu'à la fin de leur vie…C'est embêtant pour ceux et celles dont l'objectif est de bâillonner des voix libres, engagées mais indispensables.
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