6 juillet 2011

Après la Grèce, les prédateurs de la finance internationale s’attaquent au Portugal


La nouvelle a fait hier l’effet d’une bombe. L’agence de notation américaine Moody’s a décidé de dégrader la note du Portugal, qu’elle a abaissé de quatre crans avec perspective négative. La dette souveraine portugaise à long terme se trouve donc de fait reléguée en catégorie spéculative. Autant dire, et elle ne se prive pas de les qualifier ainsi, qu’il s’agit à présent de « créances pourries ».

Comme prévu, après le tour de la Grèce qu’elle a mise à genoux pour se remplir les poches en saignant le pays à blanc, la meute des loups de la finance internationale s’attaque désormais à la proie la plus faible du troupeau des pays de l’Union européenne. En dépit de l’installation au pouvoir d’un gouvernement de droite qui a aussitôt entrepris de mettre sur pied un plan de rigueur sans équivalent comprenant notamment la fin de l’école publique et sa privatisation. Peu lui importe. Elle a compris qu’elle peut ainsi réaliser à court terme d’énormes profits. C’est uniquement cela qui la guide. Les agences de notation sont l’outil dont s’est doté le capitalisme financier pour piller l’économie des États souverains et réduire les peuples, dut-il les ruiner et les réduire à la mendicité.

L’Union européenne, notamment par la voix d’Angela Merkel peut bien jouer les vierges effarouchées et émettre toutes les récriminations qu’elle veut à l’égard des agences de notation. Elles savent que ces admonestations de pure forme sont à l’usage des peuples qui, de citoyens, sont ainsi réduits à l’état de sujets. L’Union européenne n’avait qu’une seule mesure à prendre pour casser les reins de la spéculation : autoriser la BCE à prêter directement aux États les montants dont ils avaient besoin pour résorber progressivement leur dette. Au nom de l’idéologie libérale qui la gouverne et l’aveugle, elle n’a rien fait et laissé faire le marché. Elle prête par conséquent aux banques privées à 1%, voire moins, ces fonds que les mêmes banques privées proposent ensuite aux pays endettés à 4, 5, 6% quand ce n’est pas à 12 ou 15% comme aujourd’hui à la Grèce (23% pour des prêts à trois mois). Et moins ces pays peuvent payer et plus elles espèrent les faire cracher. C’est la loi du genre qui vaut tant que les peuples sont résignés et courbent la tête. Sauf quand ils se révoltent, comme en Argentine, ou disent NON comme en Islande.

L’Islande est certes un petits pays. Mais les Islandais sont aujourd’hui le seul peuple européen à avoir, par référendums successifs, toujours refusé de régler les conséquences de la faillite des banques privées étrangères, notamment britanniques et néerlandaises. Celles-là mêmes qui, par leurs agissements insensés mirent à terre à fin 2008 l’économie islandaise. C’est pourquoi l’oligarchie qui nous gouverne se garde bien d’en faire la publicité.

Il n’est pas besoin d’être devin pour comprendre où cela va mener l’Europe. Si nous ne sommes pas capables de résister et de dire aux banques comme l’ont fait hier les Islandais : « Nous ne paierons pas votre crise », il nous faudra alors accepter de voir nos pays opérer une fantastique régression. Salaires, pensions, éducation, santé, tout y passera car ceux dont le seul but est de faire encore et encore plus de profits ne sont jamais rassasiés.

Reynald Harlaut
Parti de Gauche, Front de Gauche

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