Nous nous réjouissons tous et toutes de la libération d'Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier. Voilà 547 jours qu'ils étaient les otages, journalistes et Français, entre les mains de groupes talibans aussi divers qu'inconnus. Ils sont arrivés en France, ce matin, accueillis dans la liesse par leurs familles, leurs amis, leurs confrères et consœurs journalistes et aussi par Nicolas Sarkozy et son épouse.
Fort heureusement, le président de la République a eu la bonne idée de ne pas apparaître devant les caméras et appareils photo de la presse internationale présente à Villacoublay. Car nous avons tous en mémoire les scandaleuses déclarations de Claude Guéant alors secrétaire général de l'Elysée, du général Georgelin, alors chef d'Etat-major des armées, de Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères qui doit avoir des trous de mémoire.
Guéant a osé déclarer, en janvier 2010, que les deux journalistes de France 3 avaient été irresponsables de se rendre à un rendez-vous avec des civils afghans alors qu'ils ne faisaient que leur métier dans le cadre de l'émission « pièces à conviction ». Le général nommé ci-dessus avait entonné le même chant en accusant les deux journalistes de coûter très cher au budget de la nation. Il avait même avancé la somme de 10 millions d'euros pour les recherches conduites par les militaires dans la plaine afghane de Kapisa. Evidemment pour s'en plaindre. Quant à Kouchner, il déclare aujourd'hui qu’il n'avait jamais reproché aux journalistes professionnels d'avoir fait leur métier alors que lui aussi avait imaginé un texte écartant l'aide de l'Etat et de son administration en cas d'«imprudence». Noël Mamère l'a rappelé au Grand Journal de Canal Plus. Quant à Nicolas Sarkozy, il avait jugé l’attitude des deux journalistes « coupable ».
En année d'élection présidentielle, tout est bon. L'hypocrisie et le cynisme ne sont toutefois pas autorisés quand il s'agit de la vie de deux otages dont la libération a dû être compensée par la libération de prisonniers talibans et aussi sans doute par une rançon qu'Alain Juppé refuse de commenter. Le profil bas du président, ce matin, à l'aéroport militaire de Villacoublay, en dit long sur son inhabituelle modestie lui qui s'était montré bien plus présent lors de l'arrivée d'Ingrid Betancourt à Paris. Ce jour-là il en avait fait des tonnes. Peut-être devra-t-il commenter, dans quelques jours, le rapport de la police concernant son cher ami Edouard Balladur et les 20 millions d'euros (en espèces) de son compte de campagne approuvé par la grâce de Roland Dumas dans des conditions qu'il faudra bien rendre publiques.
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