29 juin 2011

Quelles marges de manœuvre pour la France de demain à l’intérieur du Traité de Lisbonne ?


« Le député socialiste de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg était ce mardi 28 juin l’invité de la matinale de France Inter. Candidat depuis la veille à la primaire socialiste, il était à l’antenne le matin même où la première secrétaire s’apprêtait à entrer en lice, lui grillant sur le fil, si l’on peut dire, la politesse. Que penser de la candidature d’Arnaud Montebourg au regard de celles de François Hollande, Manuel Valls, Ségolène Royal et Martine Aubry ? Et que penser du personnage lui-même ?

Brillant avocat, maniant avec aisance une langue irréprochable jusqu’à la préciosité, il fut au Parti socialiste un des rares, avec Jean-Luc Mélenchon et Laurent Fabius, à s’opposer en 2005 au Traité constitutionnel européen. La logique de son ralliement dès 2006 à la candidature présidentielle de Ségolène Royal prônant un rapprochement avec le MoDem de François Bayrou n’en fut donc que plus difficile à interpréter. Elle démontre s’il en était besoin que l’homme dispose d’une incontestable souplesse d’échine. Voire même d’un talent de contorsionniste comme quand il a été confronté à la question du cumul des mandats qu’il condamnait auparavant (1).

S’illustrant à plusieurs reprises au cours de la décennie précédente dans différents combats notamment celui contre la corruption qui le vit s’opposer frontalement au président de la République d’alors, Jacques Chirac, puis contre le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale dans les paradis fiscaux, il put apparaître pendant toute cette période comme une sorte de chevalier blanc, parangon de vertu.

Arnaud Montebourg à Reims. (photo JCH)
Appartenant à l’aile gauche du Parti socialiste, selon lui : « le projet du Parti socialiste ne va pas assez loin. Il ne s’agit que d’un rez-de-chaussée. Les étages pour une nouvelle France restent à construire ». Et il ajoute : « La France ne peut se contenter après les effondrements de la crise, de reprendre les idées d’après-guerre avec les mêmes reflexes : le socialisme d’accompagnement qui a été condamné partout. C’est le social-libéralisme de Tony Blair et de Bill Clinton ». Il faut donc « transformer le système économique, financier et industriel, y compris dans nos modes de vie ». C’est ce qu’il appelle « la démondialisation ». Il n’est donc pas surprenant de retrouver dans son discours des thèmes très proches de ceux que développe pour le Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon. L’analyse qu’il fait de l’état de la société et des raisons qui poussent de plus en plus de citoyens à s’abstenir ou à se réfugier dans un vote protestataire pour le Front National ne diffère guère également de celle qu’a établit dès 2008 le Parti de Gauche.

Mais pour autant, qu’il s’agisse de démondialisation, d’écologie ou du vœu qui est le sien « que la République soit plus forte que les marchés » auquel nous souscrivons bien sûr, à aucun moment, nous ne l’avons entendu dire que tout cela n’est possible sans une remise en question radicale du Traité de Lisbonne qui interdit toute démarche dans ce sens. Le peut-il ?

Certes, Arnaud Montebourg, en ne se rendant pas au Congrès à Versailles, n’a pas participé au scrutin sur la ratification du Traité de Lisbonne qui a vu l’ensemble de ses camarades socialistes s’abstenir sur cette question fondamentale et le président de la République l’emporter grâce à l’appoint en voix des Radicaux de Gauche. Mais, face à la forfaiture de Nicolas Sarkozy, foulant aux pieds le vote des Français exprimé lors du référendum de 2005, et à sa position passée, il aurait pu nous semble-t-il se contraindre à voter contre cette ratification.

Cette clarification par rapport au Traité de Lisbonne, l’ensemble des candidat-e-s à la primaire socialiste devront rapidement la faire. Nous ne cesserons de l’exiger. Faute de quoi toutes ces belles déclarations d’intentions resteront des postures de principe qui n’engagent à rien. »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche – Front de Gauche

(1) Arnaud Montebourg a d'ores et déjà annoncé qu'il ne se représenterait pas aux élections législatives de 2012 pour ne demeurer que président du conseil général de Saône-et-Loire.

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