20 janvier 2011

Révolution citoyenne : les Islandais réinventent la démocratie


Chut ! N’en parlez à personne. Cela ferait tellement désordre. Depuis le temps que les gouvernements qui se succèdent à la tête de notre pays – de gauche comme de droite –, nous disent qu’à la mondialisation, qu’à l’économie financiarisée et à sa crise, il n’y a pas d’alternative. Pas d’autre solution que de continuer dans la même voie : le libéralisme. À force de nous le répéter, on finirait presque par s’en persuader. Et par se réjouir de la perspective qui nous est offerte en France de voir en 2014 un Nicolas Sarkozy, libéral de droite, remplacé au pouvoir par un Dominique Strauss-Kahn, libéral de gauche ! La belle affaire et pourquoi faire me direz-vous ? Eh bien, la même politique, mais avec un peu plus de doigté. Là se situe la nuance. Le résultat serait le même, mais en un peu moins douloureux. Et ne comptez-surtout pas sur l’abolition des contre-réformes passées depuis 2007.

L’Islande, certes un petit pays de 360.000 habitants, mais qui se classait tout de même en 2006 au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain (IDH), juste derrière la Norvège, a été l’un des premiers pays européens à être confronté, en 2008, à l’effondrement de son système bancaire, dirigé par ces banquiers gangsters qu’on désigne à présent sous le terme de banksters.

Après la démission du gouvernement de droite qui les avait précipités dans cette catastrophe, les Islandais, croyant s’en sortir, installèrent un gouvernement de gauche qui nationalisa immédiatement les banques. Cependant que les banksters, comme partout ailleurs en Europe, comptaient sur les citoyens pour que ce soient eux qui paient la crise et les renflouent.

Sauf que, lorsque ce gouvernement « de gauche » s’avisa de leur annoncer qu’ils allaient devoir payer l’addition, les Islandais sont descendus dans la rue et ont décidé d’un commun accord qu’ils ne règleraient pas l’ardoise des banksters, résultat de leur économie de casino. Et que, banquiers privés, ils supporteraient seuls la responsabilité pleine et entière de leur faillite.

Les Islandais, en citoyens adultes et responsables qu’ils sont, en ont tiré les conséquences. Ils ont décidé d’élire, le 27 novembre 2010 une assemblée constituante. Charge à elle de rédiger une nouvelle constitution les mettant pour l’avenir à l’abri de ce genre d’aventure.

Des citoyens qui comme cela décident ensemble de prendre en mains leurs affaires et leur destinée, cela s’appelle la Révolution citoyenne. Mais cherchez donc l’information à ce sujet dans tous nos grands medias. Et si par miracle vous la trouvez, surtout, gardez-vous bien d’en parler autour de vous ! Car on comprend aisément qu’en France, nos béni-oui-oui libéraux : politiques, journalistes, économistes, ardents défenseurs du Traité de Lisbonne, ont des sueurs froides à la simple évocation de ce qui ce passe en Islande. Pensez-donc ! Ces fortes têtes d’Islandais pourraient donner de bien mauvaises idées à un tas d’autres Européens qui tôt ou tard, comme les Grecs ou les Irlandais, vont se trouver confrontés au même problème. Imaginez un seul instant qu’ils se mettent à les imiter ! Déjà que les Tunisiens nous donnent des leçons. Manquerait plus qu’eux ! »

Reynald Harlaut
Parti de Gauche

Note de JCH : Une remarque amicale : DSK, s'il est élu candidat lors de la primaire à gauche d'abord et président de la République ensuite, le sera sur un programme élaboré avec les militants socialistes. J'attends avec impatience de connaître  le projet éventuel de DSK qui, je l'espère, sera forcément différent de celui qu'il conduit à la tête du FMI. Je n'oublie pas que le père des 35 heures est DSK et que s'il porte le projet du PS, il sera porteur d'un élan collectif. Et se trouvera à la tête d'un gouvernement de gauche comprenant sans doute des PS, des PC-PG et des Verts. Malgré tout, ma préférence continue d'aller à une candidature de Martine Aubry.

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