15 janvier 2010

Vincent Peillon a eu tort de pratiquer la politique de la chaise vide sur France 2

Vincent Peillon a fui le débat organisé sur France 2 hier soir alors qu'il avait donné son accord pour y participer. Il aurait dû s'inspirer de l'attitude de François Loncle, député, qui était présent à Evreux au débat organisé par la préfecture. Ce dernier y a déclaré :

« Je précise d'emblée que le parti dont je suis membre et le groupe parlementaire dont je suis vice-président ont vivement déconseillé à tous leurs membres de participer à la série de débats publics organisés dans les départements sur le thème de « l'identité nationale ». Mais je suis personnellement hostile à la politique de la chaise vide : je suis d’avis qu’il ne faut jamais permettre à certaines opinions d’être exprimées sans être contredites sur le fond…

…Dans la Charte européenne des droits fondamentaux dont je fus l'un des quatre rédacteurs français, il est stipulé dès le préambule: « Les peuples de l'Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes. Consciente de son patrimoine spirituel et moral, l'Union se fonde sur les valeurs indivisibles et universelles de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de solidarité; elle repose sur le principe de la démocratie et le principe de l'État de droit. Elle place la personne au cœur de son action en instituant la citoyenneté de l'Union et en créant un espace de liberté, de sécurité et de justice. L'Union contribue à la préservation et au développement de ces valeurs communes dans le respect de la diversité des cultures et des traditions des peuples de l'Europe. »

En somme, faire de l'identité nationale le sujet d'un débat – et pire une valeur – constitue une supercherie. Cette identité n’est aucunement univoque, intangible, éternelle. Elle est polymorphe, pluridimensionnelle; elle se bâtit sans cesse et se modifie en fonction des expériences personnelles et collectives. En vérité, ce débat s’inscrit dans une stratégie globale visant à diviser, à opposer une partie de la population à une autre, à jeter la suspicion et l'opprobre sur certains…

Le Président de la République a clairement révélé sa pensée, le 16 décembre sur Canal Plus, en limitant le débat sur l’identité nationale à la seule question de l’immigration. Il a avoué que l’objectif de ce débat consistait à réfléchir « aux conditions d’intégration des étrangers accueillis dans l’hexagone ». Or, cela ne correspond pas du tout à la vision de la population française qui, d’après un sondage paru dans La Croix (24 novembre 2009), place largement en tête des fondements de l’identité nationale : les droits de l’homme (71%), la langue (68%), le système de protection sociale (62%), la culture (48%) et la laïcité (44%), alors que le rapport à l'étranger et la religion sont secondaires.

D'ailleurs, les Français ne se trompent guère sur la finalité du débat autour de l'identité nationale. Ils ne sont pas dupes. Ils savent pertinemment qu'il s'agit d'une grossière manœuvre politicienne, un vulgaire moyen de détourner l’attention de la population des véritables problèmes du moment, c’est-à-dire la crise économique et financière, le chômage en hausse, le pouvoir d’achat en baisse, la fiscalité de plus en plus inique, la dette publique qui explose, les inégalités de plus en plus criantes, les services publics livrés à une privatisation rampante, la démocratie affectée par le populisme et le déséquilibre institutionnel au profit d’un hyper-président. Les Français n'ont aucun doute sur le caractère intéressé de ce débat qui répond, selon 72% d’entre eux, à des préoccupations exclusivement électoralistes (Le Journal du Dimanche, 26-27 novembre 2009)…»

Voilà ce qu'aurait pu dire Vincent Peillon…

5 commentaires:

alain lefeez a dit…

Qu’un représentant du social-libéralisme fasse faux-bond à la dernière minute pour ne pas tenir la chandelle à Marine Besson et Eric le Pen, là n’est pas le problème. De toute façon un débat comme celui-là, il ne fallait pas l'organiser. Et encore moins sur le service public.

Et pendant ce temps là, rien, aucune émission pour parler du malheur qui frappe Haïti, un des pays les plus pauvres du monde. C'est un peuple déjà plongé dans l'insécurité, la pauvreté, réduit à faire des galettes de boue pour se nourrir qui vient d'être touché par le tremblement de terre. C'est de la triple ou quadruple peine avec un effroyable bilan ! De tout ça, rien sur le service public. Au lieu de ça on a vu (pas moi) pendant une heure et demie, la haine raciste, xénophobe et anti-musulmane sur les antennes du service public.

En cette période de longues soirées d’hiver, si la télé n’a que ce genre de débat nauséabond à nous présenter, il faut l’éteindre et acheter un bon bouquin. Y en a en soldes en ce moment. J’en conseille un : "Quatrevingt-Treize" dernier roman de Victor Hugo qui a pour toile de fond la Terreur, (années sombres de la Révolution Française). Il y écrivait ceci : « J’ai dit l’égalité, je n’ai pas dit "l'identité" ».

hugues vessemont a dit…

Bravo Peillon ! Doit on rappeler que la mission de service public consiste à informer les citoyens et non monter des spectacles de cirque ?

Anonyme a dit…

Bravo !
Après avoir fait bouger les lignes, et considérer que le PRG est un mouvement de droite, voilà que JCH considère l'aile droite du PS comme la droite tout court.
Ça avance bien à Louviers, la doctrine progresse. Encore un effort JCH et le reste du PS devra être considérer par toi comme un odieux mouvement social-démocrate à la botte du grand capital. Après tout tu as le droit de penser ça, ce qui m'amuse d'avance c'est de lire côte à côte tes louanges pour Fabius et Jamet et donc, les merveilleuses figures rhétoriques qui vont t'être nécessaire pour cette alliance de la carpe et du lapin !

Jean-Charles Houel a dit…

Le PRG ? Voilà un parti qui avait du sens quand Michel Crépeau le présidait. On n'avait aucun doute sur son engagement à Gauche. Peut-on en dire autant de Jean-Michel Baylet qui peut servir de roue de secours à n'importe qui.
Quant à Laurent Fabius, c'est un homme d'Etat, avec ses imperfections, mais fort heureusement il existe. Il ferait un parfait président de la République.

Marc-Antoine Jamet ? Il est la carpe ou le lapin ? Et entre qui et qui ? Vous voulez sûrement parler du mariage Martin Jamet. Peut-être s'agit-il d'une alliance sous forme de PACS très provisoire ? Le temps d'une campagne et d'un printemps précoce…mais rose elle a duré ce que durent les roses, l'espace d'un matin.

Anonyme a dit…

On invoque Saint Fabius contre les maux de tête chez les catholiques
Personnellement, je ne le vois pas Président de la République

Sylvia Mackert