La réforme territoriale viendra bientôt devant le Parlement. Les conseillers généraux et les conseillers régionaux savent à quoi s'en tenir. Ils seront élus jusqu'en 2014, année qui verra l'élection des nouveaux conseillers territoriaux. Une élection à un tour dans des cantons redessinés avec 80% de scrutin uninominal et 20 % à la proportionnelle.
Pour la Gauche le piège est patent. Pourquoi ? Parce que l'influence du PS et de ses alliés se mesure au nombre d'élus dans les collectivités territoriales. Dans les communes, les départements et les régions, le PS est puissant. En préconisant un scrutin à un tour, le président de la République veut piéger la Gauche parce qu'elle est multiple et parce que la Droite se résume à un parti unique. Il sera en effet difficile, voire impossible, d'empêcher les candidatures multiples des Verts, du PS, du Front de Gauche, du NPA, etc. à moins qu'une lueur rende très intelligents les responsables desdits partis. Avec 30 % des voix, le candidat arrivé premier sera élu même si le total des voix de Gauche dépasse les 50 % ! Nous entrons dans l'ère de la majorité relative.
La diminution du nombre d'élus pour raison d'économie est un faux prétexte. Les indemnités d'élus représentent 0,2 % des dépenses de fonctionnement des collectivités locales. Les Français doivent donc savoir que le véritable projet de Nicolas Sarkozy est de limiter les compétences des régions et des départements qu'il juge trop importantes et redonner plus de pouvoir aux préfets. Il veut favoriser les communes (pourtant regroupées dans l'intercommunalité à 95 %) et les métropoles de plus de 450 000 habitants. Le maire de Louviers va peut-être comprendre, sous la contrainte extérieure, l'intérêt de rejoindre le Grand Rouen.
L'avènement de ce scrutin à un tour cache aussi un autre projet : faire élire les députés en un seul vote pour laminer la Gauche ! On a bien vu lors du redécoupage de M. Marleix, que la Droite (avec le mode de scrutin actuel) sera très avantagée. Il faudra que la Gauche obtienne 51,4 % des voix pour avoir la majorité à l'Assemblée nationale. Un récent article du journal Le Monde expliquait bien comment les ciseaux de M. Marleix avait découpé des circonscriptions pour désavantager la Gauche et…avantager la Droite. Le spécialiste UMP chargé des élections en a même profité pour régler des comptes avec des candidats de la majorité jugés comme étant récalcitrants. Mais le rédécoupage peut lui revenir à la figure. En 1986, Charles Pasqua en a su quelque chose.
Reste la réforme fiscale globale. L'hyper-président a redit ce matin que les impôts locaux étaient injustes. Mais l'homme du bouclier fiscal et du paquet fiscal peut-il être crédible quand il dit vouloir s'attaquer aux inégalités ? La Gauche ferait bien de s'organiser, d'échanger, de s'accorder car une Gauche prévenue en vaut deux.
6 commentaires:
La Gauche, la démocratie et son esprit, le pluralisme c'est voter à Deux tours, la Droite, le césarisme, la chefferie, l'unanimisme c'est voter à Un tour... Souvenirs, souvenirs 1848/1850...
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Inutile de remonter à la Seconde République du Prince-président pour trouver en France un exemple d'élection à un tour...ce fut le cas lors des législatives de 1986, élection à un tour et à la proportionnelle départementale, selon un régime électoral initié par le gouvernement de Laurent Fabius, à la demande du Président de la République.
Volonté de François Mitterrand "d'instiller" une part de proportionnelle", qui n'empêcha pas la droite de gagner ces élections de 1986, même si le groupe du parti socialiste resta le premier groupe de l'Assemblée Nationale et qu'à l'époque le groupe UDF comptait encore plus de cent trente députés!!!
Et dire qu'il y aura bientôt un an que j'aie publié mon premier article sur le danger que représentait la proposition de loi de Charles Pasqua, visant à créer des conseillers territoriaux en redécoupant tous les cantons !
Que de temps perdu pour s'opposer à cette "réforme"!
Un remarquable connaisseur de la carte électorale le dit Pasqua, qui fut très largement à l'origine de la victoire inespérée de Jacques Chirac en 1986, il était aidé par un certain Alain Marleix, et par un gamin, qui lui avait "piqué" Neuilly, un type au nom bizarre ... Nicolas, Paul, Stéphane Sarközy de Nagy-Bocsa,je crois.
Qu'est il devenu ?
Ce n'est pas un nom bizarre, c'est un nom hongrois. Le Môssieu est devenu président de la République ! C'est bien lui l'homme de Neuilly, le père de…
@Alain et Jean-Charles
je suis pour la réforme; bien sur
qu'il y aurait à dire sur le mode de scrutin mais que dire sur le redécoupage,on ne peut fermer les
yeux sur les mouvements de population
et se tenir au recensement de 1984
(qu'a fait le PS)et enfin vous qui n'êtes pas des bisounours vous savez que cela concerne que 56/100 des élus pour 44/100 on sait qui sera au commande de la ville ou de
la circonscription
salutations
max de beuzeville
Voilà voilà, lorsque Fafa tente de créer une méga agglo dans le seul objectif de perpetrer sa propre gloire : c'est un destin inéluctable, et qu'on doit révérer religieusement. Et les impies méritent châtiment, peut-on lire ici ou là sur ce blog.
Quand Nico affirme vouloir secouer le cocotier pour faire tomber de leur branche quelques vieux nuisibles, dont l'apport à la démocratie reste à démontrer (85 % des dépenses d'un Conseil Général sont des dépenses obligatoires !) ; alors là, c'est une intolérable atteinte au Pouvoir Souverain de l'électeur.
On vote pour la gauche lorsqu'elle porte un projet ; lorsqu'elle se complait à fédérer tous les conservatismes, la gauche joue le jeu de son adversaire : qui a beau jeu de lui emprunter son lexique. Bref, socialos, soyez modernes ou vous disparaitrez...
« Dans le seul but de perpétrer sa propre gloire. » Les anti-Fabius primaires sont malheureusement légion. Quand on a été Premier ministre, Président de l'Assemblée nationale, qu'on est reconnu comme l'un des rares hommes d'Etat de notre pays, la présidence d'une agglo (fût-elle grande) ne peut servir de viatique pour l'immortalité.
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