29 août 2009

Parti de militants ou parti de supporteurs, telle est la question

Cette histoire de primaire à Gauche pose, en fait, un problème : quel est le statut du militant ? Un militant d’un parti de Gauche, et un militant du parti socialiste en particulier, c’est quelqu’un qui s’investit dans des tâches matérielles et dans une réflexion collective idéologique. Les tâches idéologiques ? La participation aux réunions de section et la rédaction des textes, documents, tracts, l’élaboration des stratégies locales et nationales, le vote sur les projets et programmes, le travail en commun avec les autres partis de gauche (conseil municipal, comités d’action, pétitions)…les tâches matérielles ? la distribution dans les cages d’escalier, le porte à porte, la présence sur les marchés et dans les quartiers pour défendre les idées et les candidats. Un militant est tout sauf passif. Il croit en ce qu’il fait et fait ce qu’il croit bon pour porter ses idées.
Un parti de supporteurs c’est une autre approche du rôle et de la fonction d’un parti. On l’a bien vu avec le flot d’adhésions à 20 euros. 80 000 nouveaux adhérents sont entrés au PS en 2006 dont une grande majorité uniquement pour peser sur le vote interne et choisir Ségolène Royal. Le résultat fut ce qu’il fut : la candidate du PS fut choisie sur des éléments empruntés. Ce parti de supporteurs est évidemment plus sensible à l’air du temps, aux sondages, aux influences des médias. C’est si vrai qu’après l’élection à la présidence du candidat de l’UMP, ces 80 000 nouveaux adhérents sont devenus aussitôt d’anciens adhérents en ne reprenant pas leur carte au PS.
Est-ce ce que nous voulons ? Un parti dont les lignes politiques et les programmes sont dictés par quatre à cinq millions d’électeurs surtout portés par un seul but : gagner l’élection présidentielle ! Ce n’est pas infamant de vouloir gagner. Mais pour quoi faire ? La primaire au sein du PS en 2007 a surtout permis aux trois candidats de se déchirer devant la France entière et la droite réjouie. Les différences n’étaient pas que des nuances mais bien malin qui aurait pu, après un débat télévisé, ne pas s’en tenir aux formes, aux prestations, à l’art de plaire, à l’esthétique. A ce jeu-là, Laurent Fabius a été défavorisé. Parce qu’il ne passe pas bien à la télévision et parce qu’il est victime, à tort, de préjugés et d’idées fausses. Que n’ai-je entendu sur lui lors de la campagne cantonale ? Le sang contaminé, le sang contaminé…alors qu’il a eu un comportement irréprochable et qu’il a été totalement blanchi par la Haute Cour de justice.
Le PS a du mal à accepter les institutions de la Ve République et à se plier à ses règles du jeu. Les socialistes n’ont pas, historiquement, le culte du chef chevillé au corps, et il fallut un François Mitterrand pour en accepter les contraintes. Les socialistes sont donc devant un choix historique : demeurer un parti démocratique avec des élus, des militants et des propositions élaborées en commun et en responsabilité ou devenir un parti ouvert au dernier vent porteur et pipolisé. Le seul avantage d'une primaire élargie serait la mobilisation d'un électorat motivé et qui devrait le rester jusqu'en mai 2012. Est-ce possible ?

1 commentaire:

Denis a dit…

Je ne crois plus que nous n'en sommes plus là. c'était une question de 2006, si je m'abuse.

La question est : parti ou pas de parti ? Désirs d'avenir avait montré la voie. Europe Ecologie a sans doute ouvert la brèche.

Amicalement !

Denis.