Action directe. L'assassinat de Georges Besse et du général Audran. Ménigon, Rouillan, Cipriani, Aubron…action directe et les dérives de l'extrême Gauche violente. Condamnés à des années de prison, les militants d'Action directe retrouvent un à un la libérté. Joëlle Aubron est décédée des suites d'un cancer, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Menigon bénéficiaient d'une semi-libération depuis 2007. Ils ont trouvé un emploi (donc un employeur) et après plus de vingt ans passés en prison, le régime de la libération conditionnelle leur a été accordé. Autrement dit, ils ne dormiront plus en détention. La justice, dans un pays démocratique, est ainsi faite qu'elle permet à tout détenu (du moins nous l'espérons) de travailler à un projet de sortie même lointaine.
Les militants d'Action directe, comme ceux des brigades rouges italiennes ou de la Fraction armée rouge allemande, adeptes de la violence et de l'assassinat, étaient les militants d'une cause perdue d'avance. Ils légitimaient leur violence en accusant une violence d'Etat plus sournoise qui s'incarnait, selon eux, dans le chômage, la pauvreté, l'injustice sociale ou les inégalités de situations ou de chances. Le chômage existe toujours, les inégalités de chances et de situations également. Il n'y a pourtant qu'une voie pour en venir à bout : le combat démocratique qui passe par le militantisme de conviction, par les élections au suffrage universel et par l'association des citoyens aux différents processus. Ce système n'est, certes, pas parfait. Comme disait Churchill, « La démocratie, c'est le pire des systèmes mais il n'y en a pas de meilleur. »
Je suis certain que des voix vont s'élever pour protester contre ces libérations conditionnelles. Le parquet (qui représente le ministère de la Justice) ne s'y est pas opposé. Les contraintes imposées à Nathalie Ménigon (malade) et Jean-Marc Rouillan sont sévères. Ils ne peuvent sortir de leur département de résidence, ne peuvent ni commenter ni écrire sur leurs actes passés, ce qui interdit la publication de tout ouvrage signé de leur nom. Ils doivent continuer de dédommager leurs victimes…
Il est une question, une vraie, qui ne cesse de tarauder ceux qui aspirent au changement, à l'égalité des chances, à la fin d'un monde qui accorde des millions d'euros aux patrons qui échouent. La fin d'un monde qui permet à Jérôme Kerviel de jouer 4,5 milliards d'euros sur le compte de la banque qui l'emploie. La fin d'un monde dans lequel les salariés sont des variables d'ajustement au service du capital ou des fonds de pension.
La question : comment changer ce monde qui accepte 800 millions d'affamés, le réchauffement de la planète et les milliards dépensés dans les armements et les guerres ? La réponse : chacun, à son niveau, dans l'engagement altruiste et désintéressé, doit apporter sa pierre ici et maintenant. Donnons un visage à l'utopie.
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