5 février 2019

Mediapart dérange. Pour des journalistes dignes de ce nom la protection des sources est un devoir sacré


Le site d’information Mediapart dérange. Il a, au cours de ces dernières années, donné du fil à retordre à bien des politiques. De l’affaire Cahuzac à l’affaire Bettencourt, de l’affaire Sarkozy-Libye aux frasques de Claude Guéant, les journalistes de Mediapart n’ont pas chômé. Le pouvoir — tous les pouvoirs — craignent ces journalistes d’investigation, enquêteurs jamais à court d’idées et d’informations.

En publiant, il y a quelques jours, des enregistrements de conversations privées entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, « au nom de l’intérêt public », le site Mediapart s’est attiré de très élogieux commentaires et de vives critiques. Au nom de quoi, en effet, des journalistes se permettent-ils de rendre publiques des paroles saisies on ne sait ni comment ni par qui ni pourquoi. Et dans un cadre totalement privé. Edwy Plenel, directeur de Mediapart répond : « Quand ces enregistrements permettent aux citoyens de connaître les tenants et les aboutissants d’une affaire d’intérêt général, les journalistes ont le devoir de les faire connaître. » Il s’appuie d’ailleurs sur le jugement d’un tribunal qui dans l’affaire des écoutes du majordome de Liliane Bettencourt avait déclaré Mediapart exempt de toute peine au nom de la légitimité de l’information et  de l’intérêt général.

Alors, on comprend d’autant moins les raisons qui ont amené deux procureurs et des policiers à vouloir perquisitionner les bureaux de Mediapart, hier et on comprend mieux pourquoi Fabrice Arfi, directeur adjoint, a refusé cette perquisition. Qui sait si le juge de la détention et des libertés autorisera dans les jours qui viennent une perquisition coercitive, cette fois ?

Ce qui est en jeu est fort simple. Contraindre un journaliste à divulguer ses sources est impensable. Que serait un journalisme d’investigation sans sources fiables et sûres ? Tenter de les identifier par des manœuvres judiciaires même légales, est immoral. Un seul cas justifierait une plainte : si les journalistes avaient eux-mêmes procédé aux enregistrements des conversations par des moyens techniques illégaux ? On n’en est pas encore là.

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