10 millions de francs de tee-shirts pour soutenir
Edouard Balladur
10 millions de francs
déposés en billets de 500 sur le compte de campagne d’Edouard Balladur quelques
jours après le premier tour de l’élection présidentielle de 1995 et de forts
soupçons de rétro-commissions dans la sombre affaire dite de Karachi…soit. Mais
comme les juges de la Haute cour de justice n’ont pas pu en déterminer la
provenance, ils ont absous l’ancien Premier ministre et l’ont relaxé alors
qu’il risquait une peine d’amende et d’emprisonnement. Son ami François Léotard
n’a pas eu la chance de l’ancien rival de Jacques Chirac puisqu’il a été jugé
coupable d’avoir accepté l’argent des rétro-commissions sur les contrats
d’armement (comme trésorier de la campagne) et condamné à deux ans de prison
avec sursis et 100 000 euros d’amende.
François Léotard a annoncé
son intention de tenter d’obtenir la cassation du jugement devant la cour du
même nom et s’est évidemment indigné de sa condamnation. Il a plaidé
l’ignorance et n’a pu expliquer clairement d’où venaient ces 10 millions de
francs en espèces qui auraient été le produit de la vente de tee-shirts et
autres gadgets pendant la campagne. 10 millions de francs de tee-shirts, cela
laisse rêveur…
J’ai lu les 254 pages du jugement condamnant Nicolas
Sarkozy
Ils ont été nombreux les
commentateurs sur la toile après la publication du jugement condamnant Nicolas
Sarkozy, Thierry Herzog et Gilbert Azibert à trois ans de prison dont deux avec
sursis pour trafic d’influence et pacte de corruption. L’ancien président est
sorti de sa réserve pour faire état de son indignation et de sa volonté d’aller
jusqu’à la Cour européenne des droits de l’homme pour « faire éclater son
innocence et la vérité. » D’ici là, il faudra qu’une cour d’appel — puis la
cour de Cassation (éventuellement) — se prononce.
Médiapart a eu la bonne idée
de publier les 254 pages du jugement. J’ai lu avec attention ce jugement
notamment les pages relatives aux différentes écoutes dont Nicolas Sarkozy
assure qu’il s’agit de morceaux mis bout à bout. A les lires, ce n’est pas du tout
l’impression ressentie. Ce ne sont pas, comme MM. Sarkozy est Herzog veulent le
faire accroire, des conversations entre un avocat et son client. Ce sont bien
des conversations entre deux amis de trente ans d’autant plus que Gilbert
Azibert est introduit dans la boucle si bien qu’il n’y a aucune ambiguïté sur
le fond du contenu. Ce qui est drôle c’est le changement de ton après que le
trio a appris qu’il était sur écoute et qu’une taupe (elle aurait été
identifiée) leur avait révélé cette initiative des juges d’instruction. Pour
autant je ne suis pas certain qu’une relaxe en appel soit impossible. Les juges
prennent leurs décisions en leur âme et conscience et en fonction de leur
intime conviction appuyée sur des arguments juridiques. Qui sait ce que les
magistrats de la cour d’appel de Paris décideront ?
Des soutiens de Jean-Luc Mélenchon votent Le Pen !
Quand je lis les résultats
d’un sondage indiquant que 40 % des électeurs-trices de Jean-Luc Mélenchon
disent vouloir voter pour Marine Le Pen au second tour de la prochaine
présidentielle de 2022 je me dis que ces électeurs-trices là ne sont pas de
gauche. Qu’ils soient des insoumis, d’accord. Mais certains insoumis peuvent
aussi être de droite ou appartenir à la droite-extrême. Marine Le Pen se situe
dans le camp des ennemis de la République même si son parti entre dans le champ
démocratique. Ceux et celles qui donnent leurs voix au Rassemblement national
savent-ils, savent-elles ce qu’ils font ? Ils et elles cautionneraient le
programme de Marine Le Pen fondé sur l’exclusion, la stigmatisation, la
violence dans les relations ? Les références de l’ex-FN demeurent celles
d’hier : des nostalgiques de la monarchie absolue comme de la
colonisation. La république demeure pour les Le Pen cette « gueuse » que les
camelots du roi contestaient dans la rue le 6 février 1934. Quand Marine Le Pen
affirme appartenir aux « patriotes » il s’agit d’un paradoxe. Au fond elle est
l’anti-France puisque notre pays est celui des Lumières et des droits de
l’homme qu’elle remet en cause sans cesse. Sans parler de ses théories
économiques antieuropéennes et protectionnistes.
Suzanne Lipinska officier de la Légion d’honneur
Le Moulin d’Andé ne cesse de
tourner depuis 1956, année au cours laquelle Suzanne Lipinska prit la tête de
ce que Claude Cornu a joliment appelé « une thébaïde normande pour les
cinéastes. » Dans la revue Etudes normandes de décembre dernier, le
vice-président de la Sociétés d’études diverses de Louviers consacre quatre
pages à l’histoire du Moulin en citant quelques uns et quelques unes des
scénaristes, acteur-trices, réalisateurs-trices qui ont fréquenté ce lieu
magique.
Magique, le Moulin l’est
toujours car il conserve la mémoire des hommes et des femmes d’exception passés
par le Moulin. Et comment ne pas évoquer le souvenir de Maurice Pons, l’ami
cher parmi les amis, l’auteur des Saisons et de Rosa et dont la nouvelle « Les
mistons » fut adaptée au cinéma par François Truffaut. Comment ne pas citer
Georges Perec qui écrivit à Andé la célèbre « Disparition », livre entier écrit
sans la lettre E. Un exploit oulipien dont Suzon conserve la manuscrit en un
lieu sécurisé.
Suzanne Lipinska, commandeur
des Arts et des lettres, fut faite chevalier de la Légion d’honneur à la fin du
siècle dernier. Roselyne Bachelot l’a récemment informée de sa promotion au
grade d’officier dans l’ordre le plus prestigieux ce qui rend ses immenses
mérites encore plus grands. Je ne doute pas que fidèle à l’histoire et à l'esprit du
Moulin, Suzon organisera une fête inoubliable quand la triste pandémie aura été
vaincue.