L'entrée du Palais du Luxembourg
Dans ma longue histoire
politique, je n’ai pas souvenir d’avoir ressenti une quelconque hésitation
avant de déposer mes différents bulletins dans l’urne. Quelle que soit la
consultation. J’ai, certes, voté pour Jacques Chirac en me pinçant le nez mais
face à un candidat du Front national, Jean-Marie Le Pen en l’occurrence, mon
choix était simple. Depuis ce tragique dimanche de 2002 qui vit Lionel Jospin
choir à cause des la multiplicité des candidatures à gauche, la montée du FN-RN
est devenue inexorable. L’ élection de trois candidats du FN, hier, dans des régions où le RN avait déjà
atteint des sommets lors des législatives, pourrait sembler anecdotique mais il
s’agit bien là d’une notabilisation infernale des amis de Matteo Salvini,
animateur du parti néofasciste italien. Il y là de quoi être inquiet.
Ai-je donc un regret de l’un de mes votes ? Oui. En 1969, le général de Gaulle avait proposé de supprimer le sénat, cette assemblée censée représenter « les territoires ». De fait les territoires en question sont surtout des terroirs sur lesquels on ne cultive pas que la vigne ou le blé ; le système électoral est tel que les petites communes sont surreprésentées par rapport aux agglomérations urbaines. Le referendum que le général proposa dans la foulée des événements de 1968 s’attira (en 1969) un Non magistral (dont le mien) entraînant sa démission immédiate.
Et pourtant. A y réfléchir à deux fois, le sénat est bien une anomalie démocratique dans la mesure où l’alternance y est rendue impossible offrant à la droite une stabilité qui confine à une totale injustice. Depuis toujours le sénat est majoritairement conservateur. Il ne peut être dissous ni voter une motion de censure du gouvernement, certaines de ses commissions d’enquête peuvent se révéler utiles (l’affaire Benala) mais ce bicamérisme devient une chasse gardée de la droite grâce à un scrutin privilégiant la ruralité synonyme de rente de situation.
Les élections d’hier (le sénat est renouvelé par moitié pour un mandat de six ans) confirment cette stabilité à quelques exceptions près. La gauche (PS,PC,EELV) sera représentée par trois groupes qui ont gagné quelques pièges et en ont perdu six « grâce » aux candidats LFI . Une fois encore les LR seront majoritaires à droite avec le soutien à géométrie variable des centristes habitués à jouer le rôle de groupe charnière et à monnayer chèrement leur contribution.
En votant non au référendum en 1969, j’ai contribué à ma modeste place au maintien de cette anomalie démocratique. En fait mon non fut un non à la personne du général de Gaulle alors que le texte qu’il proposait aurait dû me conduire à être plus attentif et surtout plus stratège.
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