Les groupes d’études de l’Assemblée nationale sont en train de se constituer. Ils s’intéressent à la chasse, à la corrida ou à …l’antisémitisme. Et l’on apprend que le Rassemblement national s’est mis en tête de tenter d'obtenir la présidence de ce dernier groupe. On croit rêver ou plutôt cauchemarder. Comment une majorité de député(e)s dignes de ce nom accepteraient-ils de confier au RN l’animation d’un groupe d’élus de la nation réunis pour étudier l’antisémitisme et appartenant à un parti dont le fondateur — Jean-Marie Le Pen — s’est illustré durant toute sa carrière par des mots et des attitudes que n’auraient pas rejeté(e)s le premier antisémite venu.
Il faut dire que la France et certains Français portent dans leurs bagages une histoire déplorable faisant des juifs, depuis des siècles, les boucs émissaires des malheurs nationaux. De l’affaire Dreyfus aux campagnes de haine contre Léon Blum, Jean Zay ou Pierre Mendès France, du statut des juifs de Pétain à la déportation qui causa la mort de tant d'hommes, de femmes et d'enfants, la vie politique française regorge d’actes, de discours, de livres, d’affiches, de tracts et de dessins antisémites dans un pays qui, après la monarchie, s’est pourtant construit sur la base des droits de l’homme et de l’égalité entre eux quels que soient leur couleur ou leur religion. D’ailleurs, l’Institut Mendès France auquel j’appartiens, organisera en 2023 une journée consacrée à la lutte contre l’antisémitisme puisque dans ce domaine, toutes les initiatives sont bonnes à prendre.
Mais que Marine Le Pen et les siens tentent de s’approprier la présidence d’un groupe d’étude sur l’antisémitisme relève, selon moi, de la pure provocation dont l’extrême droite française est coutumière. D’ailleurs, nombre de députés de gauche et du groupe Renaissance, se sont élevés contre cette manœuvre. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet a sagement décidé de différer l’attribution de la présidence du groupe d’étude qui, s’il n’a que peu de pouvoir réels, revêt quand même une charge symbolique très puissante.
J’ose espérer que les députés, toutes appartenances confondues, vont s’opposer farouchement à cette demande du Rassemblement national dont l’un des députés s’est illustré récemment jusqu’à la caricature en invitant un député de la nation à « retourner en Afrique ». On a vu là le vrai visage de ceux qui, ce matin même, vont se rendre à Toulon pour vilipender les 254 migrants épuisés par plusieurs semaines en mer où, naufragés en Méditerranée, ils ont été récupérés par un navire de sauvetage.
1 commentaire:
Au bout du déni, il reste l'espérance.
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