9 mai 2021

François Mitterrand était passé à Louviers quelques jours avant le 10 mai 1981

François Mitterrand avec Henri Fromentin et Michel Doucet. (photo JCH)

Le 10 mai 1981 restera pour les socialistes un jour historique. Pour toute la gauche également puisque pour la première fois sous la 5e République, un homme issu de ses rangs devenait président. Quelques jours avant ce dimanche exceptionnel, François Loncle, pas encore député et Henri Fromentin, alors maire de Louviers, avaient accueilli François Mitterrand en compagnie de Michel Doucet, l’un des animateurs de la section de Louviers du PS. Réunis dans la cour de l’Hôtel de ville, les supporteurs (et les curieux) avaient attendu un long moment François Mitterrand connu pour ses retards légendaires. Il allait prononcer un discours intense, bref mais apte à susciter un souffle porteur de victoire.

 

Déjà en 1978, le candidat du PS avait rendu visite à notre ville. La salle des fêtes était alors remplie à ras bord et des centaines de Lovériens et Lovériennes ainsi que nombre de voisins (on reconnaît Jean Récher à droite sur la photo en bas du billet) l’avait écouté à une époque où la gauche était considérée comme un parti de gouvernement conquérant. Les législatives de cette année-là ne lui permirent pas d’engranger le succès qui ne devait se produire que trois ans plus tard, VGE et les diamants de Bokassa, n’ayant pu résister à la poussée de la gauche enfin victorieuse grâce il est vrai au coup de pouce de Jacques Chirac adversaire résolu du président sortant.

 

Jean Lacouture et son épouse ont rédigé le récit de l’après 10 mai en accomplissant un tour de France des régions et des initiatives. Ils passèrent sur la route de Louviers et eurent la gentillesse de m’interroger pour me demander mes sentiments après le 10 mai. Ils avaient choisi Louviers car ils connaissaient un peu l’histoire du comité d’Action et « l’aventure du Dr Martin » comme l’avait titré en 1969 le Nouvel Observateur. Je leur exprimais ma satisfaction de voir la gauche arriver au pouvoir mais je tempérais mon bonheur en relativisant le programme de François Mitterrand. Le tournant de la rigueur pris en 1983-1984 devait confirmer mes craintes même si le bilan du gouvernement de Pierre Mauroy avait des couleurs chatoyantes. Les Français n’ont pas oublié la suppression de la peine de mort, la retraite à 60 ans, la libération des ondes, les nationalisations et un ensemble de mesures économiques et sociales tant promises et tant attendues. Il reste à souhaiter qu’un jour futur permettra à l’espérance de gauche de renaître et de triompher à nouveau.


 

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