18 février 2021

Le contournement Est de Rouen n'évitera pas l'opposition de nombreux élus locaux et des associations de protection de l'environnement

Nicolas Mayer-Rossignol, le président de la métropole rouennaise a changé d’avis. Lorsqu’il était président de la Région Haute-Normandie, il s’était montré favorable à la réalisation du contournement Est de Rouen devant relier l’A 28 à l’A 13 au carrefour des Clouets à Val-de-Reuil. Depuis qu’il a été élu président de la Métropole, NMR n’en veut plus. S’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, M. Mayer-Rossignol n’est pas un imbécile. Plusieurs raisons motivent son changement de pied. Le maire de Rouen a passé un accord de gouvernance avec Europe-Ecologie-Les-Verts, vent debout contre le projet autoroutier, et cet accord oblige à respecter la parole donnée. De plus, de nombreux élus locaux, des associations de protection de l’environnement et des agriculteurs, voient d’un très mauvais œil la destruction de dizaines d’hectares de forêts ainsi que la disparition de terres cultivables. De plus, le tracé de cette autoroute, même s’il n’est pas encore définitif, s’inscrit dans une proximité redoutée notamment dans la vallée de la Seine et les plaines alluviales. L’érection d’ouvrages d’art imposants ne manque pas de soulever des oppositions dans les communes concernées.

 

Pourtant, et malgré les opposants, le Conseil d’Etat a rejeté des actions judiciaires visant à mettre un terme à ce projet d’origine étatique, financé avec le concours des collectivités territoriales que sont la Région, le département de Seine-Maritime en plus des financements des éventuels concessionnaires. Le département de l’Eure, hier, la métropole rouennaise, aujourd’hui, refusant leur concours financier, MM. Hervé Morin, président de la Région et Bertrand Bellenger, président du conseil départemental de Seine-Maritime, ont décidé de se substituer à la métropole rouennaise en augmentant leur participation de 66 millions d’euros ! En attendant le vote des assemblées qu’ils président, le mouvement d’opposition ne va pas ralentir la cadence. L’association « Non à l’autoroute », notamment, veut contrebalancer le soutien que les chambres de commerce et d’industrie ne manquent pas de faire connaître voyant dans ce nouvel axe routier une meilleure respiration (dans tous les sens du terme) dans l’agglomération rouennaise débarrassée d’une circulation pléthorique de poids lourds et une facilité pour les flux générés par le développement économique de la vallée de Seine.


Le coût total de l’opération est estimé à 900 millions d’euros soit 21,6 millions d’euros du kilomètre ! On peut penser que le coût prévisionnel sera dépassé comme le sont régulièrement les projets routiers. On va plutôt vers 1 milliard d’euros…donc. Les opposants font des contre-propositions : ils suggèrent (vieille demande) de rendre gratuit le péage d’Incarville sur l’A 13 qui permettrait de soulager l’ancienne nationale entre Rouen et le département de l’Eure ce que refuse la SAPN peu encline à perdre le bénéfice des rentrées. Elle a même refusé une demande Jean-Louis Destans, ancien président du conseil général de l’Eure, qui avait proposé une période d’essai de quelques mois, histoire d’étudier les comportements des automobilistes et des routiers. Il ne faut donc pas se bercer d’illusions d’autant plus que le futur concessionnaire devra faire face à un nouveau péage pour avoir le droit de circuler sur cet axe nord-sud.

 

Bien malin qui peut dire, aujourd’hui, quel avenir sera réservé au projet. En ces temps de crises en tous genres, l’argent public est une denrée rare et il y a fort à parier que certains travaux d’infrastructures vont être soit supprimés soit reportés dans le temps. A quelques mois des élections régionales, Hervé Morin ne veut pas être celui qui a dit non au contournement Est de Rouen. Et les opposants ne vont pas manquer de faire campagne contre un projet contraire aux exigences de protection environnementale devenues essentielles en 2021.


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