11 janvier 2021

Les Gafa censurent Donald Trump. Pourquoi ont-ils attendu quatre ans ?

Supprimer le compte Twitter de Donald Trump et ceux des centaines d’adeptes du mouvement Qanon spécialiste des théories du complot et d’incitation à la violence, est-ce porter atteinte à la liberté d’expression garantie par un article fameux de la Constitution des Etats-Unis ? C’est un vrai débat. J’avoue que je déteste la censure, d’où qu’elle vienne, sauf bien sûr quand les propos tenus sont hors-la-loi ou appellent à la violence. A l’évidence, inviter les manifestants de Washington à marcher sur le Capitole relève d’une volonté d’empêcher la certification de Joë Biden. C’est donc un crime fédéral et doit donc être puni comme tel. Mais le principal responsable du chaos est bien Donald Trump, d’où la chaîne de démissions de ministres ou de fonctionnaires écœurés par le comportement de celui que depuis des mois est qualifié de « psychopathe » notamment par une de ses nièces.

 

Pendant quatre ans, Donald Trump a utilisé Twitter (90 millions de followers) pour court-circuiter les médias traditionnels (journaux et canaux de télévision) et s’adresser sans filtre à ses supporteurs. Sans filtre c’est-à-dire sans vérification des faits et sans précautions juridiques.  Sans filtre c’est la garantie de ne pas être contredit. La parole du président valant, selon lui, toutes les lois et tous les décrets. Et s’il a pu user et abuser de sa position dominante, c’est aussi parce que les responsables du Parti républicain ainsi que les sénateurs du GOP (grand old party) (alors majoritaires) ont préféré se coucher devant le populiste en chef sans jamais remettre en cause ses excès, ses mensonges, ses fausses nouvelles par milliers. Ils en paient le prix aujourd’hui. Et parmi les 74 millions de suffrages récoltés par Trump combien ont été le résultat des manipulations imposées à tout le pays par les groupes d’extrême-droite et racistes comme les proud boys et les suprémacistes blancs? Sur les banderoles des comploteurs on pouvait lire : « Biden pédophile ». Ce vieux monsieur de 78 ans ne mérite évidemment pas cette apostrophe insultante et totalement injustifiée.

 

Que les dirigeants de Twitter mais aussi ceux de Facebook, Instagram, You Tube, Tik tok, j’en passe et des meilleurs, se soient aperçus au lendemain de l’insurrection du Capitole, que Donald Trump avait dépassé les bornes ne manque pas de m’étonner. Ca sent l’opportunisme à plein nez d’autant que le 20 janvier, Trump aura quitté la Maison Blanche ! Les propos de Trump sont depuis sont élection, des appels à l’insurrection contre les élus démocrates, contre les scientifiques, contre les gouverneurs soi-disant dépassés par la pandémie et ses dizaines de milliers de morts et aussi contre les médias du moins ceux qui ont le tort de corriger les mensonges du président et de mettre au jour ses turpitudes.

 

Trump n’a jamais hésité à vilipender, agresser, moquer ses adversaires devenus des ennemis politiques. Maintenant privé de relais dans les réseaux sociaux, Trump se sent orphelin. Il ne manque pourtant pas de fans en France puisque Marine Le Pen a mis deux mois avant de reconnaître la victoire du candidat Démocrate. Elle s’insurge contre l’atteinte à la liberté d’expression de la part des dirigeants de réseaux sociaux qu’elle voudrait plus dociles. On sait pourtant comment sont traités les journalistes considérés comme des opposants dans les villes dirigées par les élus du Rassemblement national : intimidation, refus d’informations, ostracisme systématique. On n’ose imaginer ce que deviendrait la liberté d’expression si par malheur les citoyens envoyaient le RN à l’Elysée. En perdant Trump, les populistes perdent gros. Bolsonaro, Salvini, Orban, Johnson…autant de dirigeants tentés par la démagogie érigée en mode de gouvernance.

 

Trump a aussi des fans dans les medias hexagonaux. Je viens d’entendre Eric Zemmour (qui n’a pas été contredit) assurant que l’élection de Biden était due à des tricheries (sans aucune preuve) et que les actions intentées par les démocrates contre Trump ne sont rien d’autre qu’un avertissement pour ceux et celles  « qui voudraient s’opposer au camp des progressistes en occident ». Il y voit évidemment la preuve d’un complot mondial visant à permettre à la Gauche de retrouver son hégémonie élitiste ! Sacré Zemmour. Ce qui est inquiétant c’est que les autres débatteurs de CNews ont opiné du chef sans contredire un tant soit peu les propos du polémiste. Son interprétation du 6 février 34 est un monument ! Pour lui Maurras, les ligues et les Croix de feu n’ont jamais eu l’intention de prendre d’assaut l’Assemblée nationale ! S’il y eut des morts (une dizaine dixit Zemmour) comme au Capitole, c’étaient de pauvres nationalistes inoffensifs…Voilà comment on écrit l’histoire.

 

 

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