26 mars 2020

Des assesseurs, des scrutateurs, des élus atteints par le coronavirus…jamais le premier tour des municipales n'aurait dû avoir lieu


De nombreux scrutateurs, assesseurs, candidats aux élections ont été déclarés positifs au coronavirus. Dans toutes les régions de France, malgré toutes les précautions prises, le virus a réussi à faire mentir l’exécutif et le conseil scientifique qui affirmaient qu’aller voter ne présentait pas plus de danger qu’aller faire ses courses. Je suis de ceux qui pensent que jamais au grand jamais, le premier tour des élections municipales n’aurait dû avoir lieu. D’ailleurs le discours alarmiste d’Edouard Philippe, le samedi soir précédent le jour de scrutin, a incité nombre d’électeurs à rester chez eux.
 
Comment une telle aberration a-t-elle pu se produire ? Je ne suis pas dans les allées du pouvoir, j’ignore donc ce que MM Baroin, Larcher, responsables républicains et le gouvernement se sont dit le jeudi, à trois jours du premier tour. Ce qui est de notoriété publique c’est que les responsables de l’opposition (socialistes y compris) ont pesé lourdement pour que le gouvernement maintienne le scrutin alors même qu’il était évident que le second tour ne pourrait avoir lieu dans les délais légaux. On dit qu’Emmanuel Macron était opposé à la tenue des élections et que c’est Edouard Philippe qui a tenu à ce qu’il se tienne pour des raisons « démocratiques ». La droite et les socialistes, sortant pour la plupart, ont préféré le risque à la sagesse ce qui ne fut pas le cas des écologistes beaucoup plus prudents et avertis à qui ont prédisait pourtant de très bons scores.

De fait la démocratie n’a pas joué pleinement le rôle qu’on attend d’elle quand on lit les taux de participation ridiculement bas et des résultats parfois effarants. Même si cela me plait sous certains aspects, il est évident que le Rassemblement national a été l’un des partis les plus touchés par l’abstention. A Louviers, Thimotée Houssin recueille 7 % des suffrages sur l’ensemble des bureaux. La raison est simple. Les quartiers où le parti d’extrême droite fait ses meilleurs scores sont aussi les plus abstentionnistes. Ils sont composés de gens aux revenus modestes, de classes dites populaires plus enclines à sanctionner le pouvoir par un vote protestataire à la droite extrême. Par opposé, la mobilisation en faveur de la droite et de François-Xavier Priollaud, a été bien meilleure. Les résultats du bureau 1 (centre-ville) sont éloquents. 

Le gouvernement a prévu un second tour de scrutin (là où il y a ballotage) le 21 juin prochain. En fait cette date préjuge de l’état  sanitaire de la France. Rien ne prouve que l’épidémie aura cessé et qu’une vie normale aura repris. D’autant que le dépôt des listes devra anticiper la date du vote de manière à ce qu’une campagne électorale « normale » puisse se dérouler. Il paraît que 35 000 conseils municipaux ont été élus au premier tour. Surtout dans les campagnes et les villes moyennes. Dans notre région, un second tour aura lieu à Rouen (où la gauche est bien placée) et Evreux, où le maire sortant est en position favorable. 

Pour conclure, je réaffirme, comme Mme Buzyn, que le premier tour de l’élection municipale a été une mascarade. Et c’était sans compter sur tous ces bénévoles, ces employés municipaux, ces élus, devenus réceptacles d’un virus vicieux qui s’est incrusté partout. Macron aurait dû taper du poing sur la table et empêcher ce vote. Des voix éclairées (médecins, élus) l’annonçaient comme périlleux. Il l’a été en effet. Et nous n’avons plus que nos yeux pour pleurer.

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