17 février 2020

Après le retrait de Benjamin Griveaux : le viol de l'intimité doit être sévèrement sanctionné


Les mésaventures de Benjamin Griveaux suscitent maints commentaires souvent contradictoires. L’ancien chef de file de LAREM à Paris aurait, selon les uns, fait preuve de légèreté voire d’irresponsabilité en adressant à une amie (?) une vidéo de lui en train de se masturber. Il était ministre, en voyage en Bretagne en 2018 et ses pensées étaient ailleurs. D’autres, dont son avocat, Richard Malka et Henri Leclerc, président d’honneur de la Ligue des Droits de l’homme assurent que l’acte commis par le provocateur Russe, Piotr Pavlenski, lequel a diffusé la vidéo (1), est une atteinte intolérable à l’intimité et à la liberté individuelle. Un délit qui mérite d’être sévèrement sanctionné.

Je soutiens totalement cette version de l’histoire. On commet tellement de crimes et de délits au nom de la transparence et la soi-disant pureté ! Et les réseaux sociaux alimentés par les haines, les violences, les anonymats, les désirs de vengeance et de jalousie, favorisent les écarts les plus inadmissibles. En l’occurrence, Benjamin Griveaux n’utilisait pas un réseau social. Il avait pris soin d’emprunter une ligne cryptée faisant confiance à quelqu’un qu’il croyait être, sinon une amie, du moins une proche suffisamment avertie pour se croire dans une relation secrète. Bien des livres ont été écrits sur la propension des hommes à photographier, promouvoir, encenser leur pénis. Il faut croire que les hommes de pouvoir sont avant tout des hommes et que certains d’entre eux ont du mal à ne pas exprimer cette puissance sans passer par le sexe. Ce n’est ni une pathologie, ni une perversion contrairement à ce que racontent certain(e)s politiques dont les portables mériteraient qu’on aille y voir de plus près, ce que personne — je l’avoue — ne devra faire justement au nom de l’intimité des conversations privées.

Il se trouve que cette amie n’en était pas une. Et que, devenue l’amante de Piotr Pavlenski, elle a cédé à la facilité en infraction avec toutes les lois écrites et non écrites qui font de l’acte intime une inviolabilité absolue. En rompant ce pacte humain et basique, la jeune femme a créé un scandale dont elle devra répondre devant les tribunaux (à l’instant où j’écris ces lignes, elle est encore en garde à vue) puisque la loi sanctionne toute publicité liée à la vie sexuelle de chacun et de chacune sans avoir obtenu son accord. 

Pavlenski est un habitué des démonstrations border line. A priori Anti Poutine, il a dû quitter la Russie et a réussi à obtenir le statut de réfugié dans notre pays où il s’est empressé de mettre le feu aux portes d’une succursale de la Banque de France, symbole du capitalisme, selon lui. Jouit-il de protections particulières ? Dispose-t-il d’un statut dont les contraintes sont peu claires ? Gageons que l’enquête en cours, judiciaire et journalistique, va nous permettre d’en savoir plus.

Pensons enfin un instant à Benjamin Griveaux pour lequel je n’ai pas de sympathie particulière. Devait-il céder à la provocation ? A-t-il eu raison de se retirer du combat parisien ? Le mois de campagne à venir aurait-il été pollué par un acte humain (trop humain ?) que tout un chacun un tant soit peu éclairé s’accorde à minimiser ? La réponse lui appartenait. Il a jeté l’éponge. Souhaitons qu’il s’en remette vite.
(1) D'autres personnes ont relayé la vidéo. Elles devront également répondre de leur acte.

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