Sur la planche d'envol. ©Jean-Charles Houel |
L’attaque par les abeilles
de deux randonneurs ayant abouti à la mort de l’un d’eux et à de nombreuses
piqures pour la seconde personne mérite quelques explications rationnelles. Si
l’on s’en tient aux premiers éléments diffusés sur les radios et les chaines
d’info télévisées, le couple aurait été agressé par des centaines d’abeilles
lors de leur promenade sans qu’on sache les circonstances précises de cette
attaque . On a entendu tout et son contraire comme si les abeilles pouvaient
attaquer quelqu’un sans raison ! Et l’on reparle des abeilles tueuses par
ci, des souches africaines par là, alors que la vérité me semble facile à
déceler.
Les deux randonneurs
passaient près d’un rucher où un apiculteur procédait à la récolte de son miel.
Compte tenu de la canicule, de la disette vraisemblable dont sont actuellement victimes
les abeilles, il y a fort à parier que celles-ci n’ont pas accepté facilement
de se faire dépouiller de leur butin et ont développé une agressivité tout à
fait habituelle en pareil cas. Les apiculteurs (dont je suis) connaissent les
dangers consécutifs à la récolte du miel. L’environnement humain et animal
risque des piqûres dans un rayon de quelques mètres autour des ruches. Il
appartient donc à l’apiculteur de travailler près de ses ruches avec un maximum
de sécurité, d’opportunité et de responsabilité. Les temps orageux sont
néfastes. La récolte est un moment critique parfois d’où une vigilance
redoublée. Il reste que tout apiculteur digne de ce nom doit s’assurer
civilement pour tout événement lié à ses ruches. L’abeille est placée sous la
responsabilité civile et pénale de son propriétaire quand il peut être
identifié évidemment. En l’occurrence, le propriétaire des « essaims » agressifs
(1) en cause est identifié. Il devra répondre des conséquences du comportement de ses abeilles.
J’ai entendu l’interview
d’un apiculteur (le responsable ?) affirmant que le froid du printemps
puis les températures élevées auraient troublé les abeilles. Soit. Ce n’est pas, selon moi,
la raison principale de l’agression. Je persiste et je signe : la récolte
par temps de disette nécessite bien des précautions. Il en va de la crédibilité
des apiculteurs et surtout de l’image des abeilles qui n’ont vraiment pas
besoin de passer pour des tueuses. Surtout quand d’autres (les pesticides, les
agents infectieux, le varroa, le frelon asiatique…) se chargent de décimer les
colonies. Enfin les journalistes devraient être plus prudents quand ils parlent
de ce qu’ils ne connaissent pas. C’est un métier difficile. Avant d’informer le
public, il faut soi-même apprendre et veiller à ne pas créer inutilement de
climat anxiogène. Il reste qu’être piqué par une abeille ou une guêpe n’est pas
agréable. Être piqué des dizaines, et à plus forte raison des centaines de
fois, peut être mortel.
(1) Le mot essaim est
utilisé à tort à travers. Il correspond à la grappe formée après qu’une vieille
reine quitte sa ruche d’origine pour s’installer ailleurs avec la moitié de la
population laissant place à une jeune reine. C’est le mode de reproduction
naturelle des abeilles.
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