3 juillet 2019

Pendant la récolte du miel, les apiculteurs doivent être vigilants…et responsables


Sur la planche d'envol. ©Jean-Charles Houel
L’attaque par les abeilles de deux randonneurs ayant abouti à la mort de l’un d’eux et à de nombreuses piqures pour la seconde personne mérite quelques explications rationnelles. Si l’on s’en tient aux premiers éléments diffusés sur les radios et les chaines d’info télévisées, le couple aurait été agressé par des centaines d’abeilles lors de leur promenade sans qu’on sache les circonstances précises de cette attaque . On a entendu tout et son contraire comme si les abeilles pouvaient attaquer quelqu’un sans raison ! Et l’on reparle des abeilles tueuses par ci, des souches africaines par là, alors que la vérité me semble facile à déceler.
Les deux randonneurs passaient près d’un rucher où un apiculteur procédait à la récolte de son miel. Compte tenu de la canicule, de la disette vraisemblable dont sont actuellement victimes les abeilles, il y a fort à parier que celles-ci n’ont pas accepté facilement de se faire dépouiller de leur butin et ont développé une agressivité tout à fait habituelle en pareil cas. Les apiculteurs (dont je suis) connaissent les dangers consécutifs à la récolte du miel. L’environnement humain et animal risque des piqûres dans un rayon de quelques mètres autour des ruches. Il appartient donc à l’apiculteur de travailler près de ses ruches avec un maximum de sécurité, d’opportunité et de responsabilité. Les temps orageux sont néfastes. La récolte est un moment critique parfois d’où une vigilance redoublée. Il reste que tout apiculteur digne de ce nom doit s’assurer civilement pour tout événement lié à ses ruches. L’abeille est placée sous la responsabilité civile et pénale de son propriétaire quand il peut être identifié évidemment. En l’occurrence, le propriétaire des « essaims » agressifs (1) en cause est identifié. Il devra répondre des conséquences du comportement de ses abeilles.
J’ai entendu l’interview d’un apiculteur (le responsable ?) affirmant que le froid du printemps puis les températures élevées auraient troublé les abeilles. Soit. Ce n’est pas, selon moi, la raison principale de l’agression. Je persiste et je signe : la récolte par temps de disette nécessite bien des précautions. Il en va de la crédibilité des apiculteurs et surtout de l’image des abeilles qui n’ont vraiment pas besoin de passer pour des tueuses. Surtout quand d’autres (les pesticides, les agents infectieux, le varroa, le frelon asiatique…) se chargent de décimer les colonies. Enfin les journalistes devraient être plus prudents quand ils parlent de ce qu’ils ne connaissent pas. C’est un métier difficile. Avant d’informer le public, il faut soi-même apprendre et veiller à ne pas créer inutilement de climat anxiogène. Il reste qu’être piqué par une abeille ou une guêpe n’est pas agréable. Être piqué des dizaines, et à plus forte raison des centaines de fois, peut être mortel.

(1) Le mot essaim est utilisé à tort à travers. Il correspond à la grappe formée après qu’une vieille reine quitte sa ruche d’origine pour s’installer ailleurs avec la moitié de la population laissant place à une jeune reine. C’est le mode de reproduction naturelle des abeilles.

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