10 avril 2019

Maria Dumer, inhumée hier, ancienne comptable de la ville de Louviers avait également été membre du Comité d'Action de Gauche


Maria Dumer est décédée, la semaine dernière à la MAPA de Louviers où elle résidait. Cette femme, pas forcément connue du grand public, était un exemple de ce que doit être un (ou une) fonctionnaire : compétent, rigoureux, ardent défenseur du service public, ce service public que les Français apprécient tant et dont ils demandent le maintien dans tous les domaines régaliens. Elle avait été responsable du service comptabilité de la ville de Louviers mais également une compagne de route du Comité d'Action de Gauche dont son mari, Claude, était un pilier. Elle a été inhumée, hier, au cimetière de Louviers et les enfants de Maria ont tenu à lire un texte dont ils m'avaient proposé la rédaction. Je le publie ci-dessous.

« Dès que Franck m’a demandé d’écrire quelques mots en mémoire de sa maman — notre amie à tous et toutes ici présents — je me suis interrogé : étais-je le mieux placé pour évoquer la  vie de Maria, si remplie depuis le jour, où venue d’Espagne, elle devint une femme de France. Car de son quotidien familial je sais peu de choses sinon qu’elle avait une affection maternelle inépuisable pour son fils et sa fille, qu’elle aima pendant toute son existence, un réel attachement à son mari, Claude, avec lequel elle entreprit de consacrer leurs efforts communs au bien collectif. J’ai appris que les derniers mois de la vie de Maria furent difficiles compte tenu des suites de son accident vasculaire mais elle fit face, en toute conscience, et jusqu’au bout, à cet accident de la vie. Qui s’en étonnera ?

Professionnellement, Maria fut, très tôt le pilier du service comptable de la ville de Louviers à une époque où Excel n’existait pas, pas plus que les ordinateurs si pratiques et si rapides aujourd’hui. Elle veillait avec une attention rigoureuse à la politique de paiements et d’engagements décidés par le pouvoir municipal que le maire de Louviers s’appelle André Vincelot, Ernest Martin, Rémy Montagne, Odile Proust ou Franck Martin. Je la vois encore utiliser une machine comptable mécanique qui ferait la joie des antiquaires. Jamais elle ne fit preuve d’un manque de loyauté, en interne comme en externe, soucieuse du bien commun et du respect d’une subordination acceptée. Elle n’était pas la seule à la mairie. Avec ses collègues, Josiane Farceau, Andrée Batrel, Nelly Langlois, toutes disparues, elle incarnait ce que la fonction publique territoriale incarne de meilleur : la confiance et la compétence.

Neutre (pas toujours) à l’hôtel de ville, clairement engagée dans sa vie privée, Maria défendit avec zèle, en nombre d’occasions, la politique municipale qu’elle préférait. Sympathisante du Comité d’Action de Gauche, dès sa formation dans les années soixante-dix, après la triste défaite de la municipalité d’Union des Gauches, elle fut un atout maître des choix économiques, politiques, culturels aussi, qui animaient le groupe dit « autogestionnaire ». Elle rendait ainsi possible l’impossible. Aux côtés de Paul Astégiani, le secrétaire général de la mairie, elle appliquait toutes les leçons que Pierre Mendès France enseignait en haut et en bas de la société : la vérité, la pédagogie des choix, la recherche du compromis sans jamais céder sur l’essentiel : les progrès individuel et collectif. En Ernest Martin, et plus tard, Henri Fromentin, elle retrouvait cette passion du citoyen et de la démocratie participative, une expression quelque peu galvaudée aujourd’hui, qui fit de Louviers la ville que l’on cite. Et que les historiens contemporains prennent en exemple de gestions bien en avance sur leur temps.

C’est là que ses grandes qualités surgissaient : courage moral, abnégation, conseils avisés et professionnels. Je me souviens des discussions interminables mettant en scène Maria et Christian Lafenêtre qui nous a quittés lui aussi il y a quelques jours. Il fallait entendre leurs arguments, l’une veillant à modérer les impôts, l’autre affirmant que la justice sociale nécessitait des efforts de la part des plus riches !  Ils avaient raison tous les deux.

Mme Dumer ? On l’appelait tous Maria. Elle savait mettre la distance suffisante pour être crédible. Comme jeune rédacteur municipal, elle m’a appris la patience et communiqué la passion d’un travail au bénéfice du service public qu’elle chérissait pleinement. C’est pourquoi elle est de ces personnes qui marquent les rencontres. Une amie fidèle aux engagements et aux liens tissés au fil du temps et des chaos de la vie. Une amie que nous n’oublierons pas parce qu’elle a été aussi une part de nous-mêmes. »

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