Michel Natier parfait nos connaissances sur les Lanon. ©JCH |
Edouard Lanon, c’est une rue
à Louviers. Comme Vignon, comme Lalun…Mais avant de figurer sur les plans de la
ville, Edouard Lanon est surtout un généreux donateur. Pour mieux faire connaître
l’importance de la collection Lanon à l’origine de la création du Musée
municipal lovérien, les équipes du musée ont travaillé de longues semaines sous
la houlette de Michel Natier, conservateur— directeur. Le résultat est à la
hauteur des efforts déployés par une équipe super motivée. L’exposition Lanon —
Edouard légua sa collection et des milliers de francs de l’époque à la ville de
Louviers pour la protéger des prédateurs ou des convoitises — est enfin ouverte
au regard du public. Céramiques, meubles, peintures, faïences, dessins
composent un univers unique visible au musée pendant de longs mois encore. Cet
univers est celui d’un fils de banquier lovérien, rentier, mort jeune mais
soucieux de l’avenir.
Au cours du vernissage,
vendredi dernier, en présence des élus et de nombreux Lovériens, Michel Natier
attire l’attention des auditeurs sur deux tableaux que j’aimerais privilégier. Le
premier est attribué à Valentin de Boulogne. Intitulé « soldats jouant aux dés »
dont il existe deux autres exemplaires au musée de Metz et de l’Ermitage à
Saint-Pétersbourg, ce tableau était conservé dans les ateliers de restauration
du Château de Versailles depuis 60 ans ! Michel Natier fait revenir le
tableau à Louviers, trouve la restauratrice apte à réparer les insultes du
temps et le manque de précautions de maniement du contexte de l’époque. Les
travaux en cours laissent deviner une œuvre d’un homme que le Louvre considère
comme un égal de Nicolas Poussin ou de Simon Vouet. Laurence Didier, la
restauratrice assure que la toile est bien du 17e siècle, que les
enduits le prouvent et que la patte de Valentin de Boulogne (ou de l’un de ses élèves ?)
peut être affirmée. Quand on sait que Valentin de Boulogne est un créateur
Caravagesque, on mesure combien Les Lanon s’intéressaient aux grands peintres
et à leurs créations. Le Caravage demeure un naturaliste enflammé dont les
expositions à Florence, Rome, Naples, ont connu un immense succès.
La seconde œuvre évoquée par
Michel Natier est une scène religieuse. « Le Jugement de Salomon » « d’après
Pierre Paul Rubens ». Il s’agit d’une peinture à l’huile sur toile d’1,98m sur
1,64m. Elle pourrait surgir de l’invisible et apparaître à nos yeux comme une œuvre
de celui à qui le Louvre consacre une pleine salle parisienne. Ce serait évidemment
un très grand événement, non seulement pour Louviers mais aussi pour l’art
en général car Rubens, peintre flamand auteur de centaines de toiles, est considéré
comme un peintre majeur du 17e siècle.
Les visiteurs pourront également
être attirés par les faïences de Rouen, de Nevers, d’Italie ou des meubles
dressoirs en chêne massif. Le catalogue édité à l’occasion (1) permet de
mesurer l’essentialisme du legs Lanon. Chaque création : végétale, minérale,
humaine, possède en propre son existence. Les Lovériens et les personnes
sensibles à l’art trouveront en cette exposition, marquant le 131e
anniversaire de la donation, matière à découverte. Il est jouissif de penser qu’un
Rubens authentique et un Valentin de Boulogne non contesté appartiennent au
patrimoine de notre ville.
(1) François Xavier Priollaud,
maire, Claude Cornu, biographe d’Edouard Lanon et Michel Natier sont les
auteurs des textes d’un catalogue instruit réalisé avec l’aide du Crédit
agricole. Il est en vente à l’entrée du musée pour la somme de 15 euros.
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