5 mars 2019

La collection Lanon enfin visible au Musée de Louviers. Et si Pierre Paul Rubens venait à apparaître ?


Michel Natier parfait nos connaissances sur les Lanon. ©JCH
Edouard Lanon, c’est une rue à Louviers. Comme Vignon, comme Lalun…Mais avant de figurer sur les plans de la ville, Edouard Lanon est surtout un généreux donateur. Pour mieux faire connaître l’importance de la collection Lanon à l’origine de la création du Musée municipal lovérien, les équipes du musée ont travaillé de longues semaines sous la houlette de Michel Natier, conservateur— directeur. Le résultat est à la hauteur des efforts déployés par une équipe super motivée. L’exposition Lanon — Edouard légua sa collection et des milliers de francs de l’époque à la ville de Louviers pour la protéger des prédateurs ou des convoitises — est enfin ouverte au regard du public. Céramiques, meubles, peintures, faïences, dessins composent un univers unique visible au musée pendant de longs mois encore. Cet univers est celui d’un fils de banquier lovérien, rentier, mort jeune mais soucieux de l’avenir.

Au cours du vernissage, vendredi dernier, en présence des élus et de nombreux Lovériens, Michel Natier attire l’attention des auditeurs sur deux tableaux que j’aimerais privilégier. Le premier est attribué à Valentin de Boulogne. Intitulé « soldats jouant aux dés » dont il existe deux autres exemplaires au musée de Metz et de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, ce tableau était conservé dans les ateliers de restauration du Château de Versailles depuis 60 ans ! Michel Natier fait revenir le tableau à Louviers, trouve la restauratrice apte à réparer les insultes du temps et le manque de précautions de maniement du contexte de l’époque. Les travaux en cours laissent deviner une œuvre d’un homme que le Louvre considère comme un égal de Nicolas Poussin ou de Simon Vouet. Laurence Didier, la restauratrice assure que la toile est bien du 17e siècle, que les enduits le prouvent et que la patte de Valentin de Boulogne (ou de l’un de ses élèves ?) peut être affirmée. Quand on sait que Valentin de Boulogne est un créateur Caravagesque, on mesure combien Les Lanon s’intéressaient aux grands peintres et à leurs créations. Le Caravage demeure un naturaliste enflammé dont les expositions à Florence, Rome, Naples, ont connu un immense succès.
La seconde œuvre évoquée par Michel Natier est une scène religieuse. « Le Jugement de Salomon » « d’après Pierre Paul Rubens ». Il s’agit d’une peinture à l’huile sur toile d’1,98m sur 1,64m. Elle pourrait surgir de l’invisible et apparaître à nos yeux comme une œuvre de celui à qui le Louvre consacre une pleine salle parisienne. Ce serait évidemment un très grand événement, non seulement pour Louviers mais aussi pour l’art en général car Rubens, peintre flamand auteur de centaines de toiles, est considéré comme un peintre majeur du 17e siècle.

Les visiteurs pourront également être attirés par les faïences de Rouen, de Nevers, d’Italie ou des meubles dressoirs en chêne massif. Le catalogue édité à l’occasion (1) permet de mesurer l’essentialisme du legs Lanon. Chaque création : végétale, minérale, humaine, possède en propre son existence. Les Lovériens et les personnes sensibles à l’art trouveront en cette exposition, marquant le 131e anniversaire de la donation, matière à découverte. Il est jouissif de penser qu’un Rubens authentique et un Valentin de Boulogne non contesté appartiennent au patrimoine de notre ville.

(1) François Xavier Priollaud, maire, Claude Cornu, biographe d’Edouard Lanon et Michel Natier sont les auteurs des textes d’un catalogue instruit réalisé avec l’aide du Crédit agricole. Il est en vente à l’entrée du musée pour la somme de 15 euros.
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